Quand l’ombre et la lumière nous parlent de mort et de vie…
Au cœur de l’année liturgique, la veillée pascale. Une nuit mystérieuse, un peu magique, pleine d’émotions et de symboles. Où le passage de l’obscurité à une lueur éclatante nous remplit d’espérance. Et transforme les catéchumènes en baptisés.
On a beau être passés à l’heure d’été, vers 21h il fait déjà bien sombre, autour de la Cathédrale Notre-Dame, en ce Samedi saint 2025. Les premiers fidèles sont entrés à l’intérieur, on se prépare, on se parle mais pas trop fort, l’atmosphère est empreinte d’attente, de sérieux et de joie à la fois. Un petit mot du recteur de la cathédrale donne le signal du départ vers les jardins de l’évêché tout proches. À la suite de l’évêque, tout le monde se rassemble autour du feu qui crépite au milieu d’une allée. Les regards s’accrochent aux flammes et suivent les étincelles orangées qui montent vers le ciel. «Voici la nuit, l’immense nuit des origines. Et rien n’existe hormis l’Amour, hormis l’Amour qui se dessine.» Après quelques paroles d’accueil et de préparation à cette nuit si particulière, Mgr Harpigny allume le cierge pascal. Et toutes et tous suivent cette petite flamme pour rejoindre l’édifice, plongé lui dans le noir.
Une fois passés le grand porche et les lourdes portes en bois, on y voit à peine. Spectacle rare que cette illustre vieille dame cachant son histoire et sa magnificence aux yeux des visiteurs… Quand un à un les cierges sont allumés, on commence à distinguer les visages. Alors chacun va prendre place pour revivre des siècles de récits qui nous ont été laissés par des prophètes, des apôtres et des disciples. La Genèse, l’Exode, Isaïe, Baruch, Ézéchiel… Entre les textes, des chants s’élèvent, des notes s’envolent jusqu’aux voûtes.
Un monde nouveau
Au fil des lectures, la nef s’éclaire de plus en plus. Quand éclate le Gloria, les cloches qui se sont tues depuis le Jeudi saint sonnent à toute volée malgré l’heure tardive. Le «grand silence» est terminé, le «deuil» des croyants aussi. L’apôtre saint Paul nous parle du baptême, saint Luc nous raconte ce tombeau trouvé vide. «Il n’y a plus rien dans le tombeau si ce n’est le linge qu’on met pour les morts», explique Mgr Harpigny. Quand les femmes racontent ce qu’elles ont vu, personne ne les croit, certains vont vérifier sur place, ils ne comprennent pas. «Nous avons la chance qu’on nous ait expliqué certaines choses, qu’on nous ait dit ‘Il est ressuscité le troisième jour, conformément aux Écritures’. C’était prévu…»
L’évêque de Tournai évoque aussi les catéchumènes qui vont recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne quelques instants plus tard. «Pour ceux qui demandent à devenir chrétiens, c’est par rapport à Dieu qu’ils se situent, pas par rapport à nous. Le baptême est le passage vers une nouvelle vie, le passage de la mort à la vie, l’entrée dans un monde nouveau. C’est reconnaître devant Dieu qui nous sommes.»
«Je te baptise…»
Et c’est avec beaucoup d’émotion que s’est déroulée ensuite la liturgie baptismale. Pour la petite Diana Marie, dans les bras de ses parents. Mais aussi pour Justine, Édith, Déborah, Sarah et Xhonatan. Tour à tour, ils ont vécu chaque étape devant une assemblée toute entière autour d’eux. Si trois des catéchumènes ont préféré un baptême par aspersion, deux adolescents n’ont pas hésité à se plonger dans la cuve baptismale pour s’immerger dans l’eau bénite. Après avoir reçu la confirmation, les cinq nouveaux baptisés adolescents et adultes ont porté les offrandes jusqu’à l’autel pour connaître leur première eucharistie.
Au pied de l’autel, justement, avait été installée la « roue céleste ». Ornée de fleurs blanches, drapée d’une écharpe tout aussi immaculée, cette œuvre réalisée par une victime d’abus avait ainsi quitté le mur de la chapelle latérale où elle est habituellement installée pour rejoindre l’assemblée et trouver toute sa place à cette veillée de renaissance. Un symbole de plus dans cette célébration où chaque geste, chaque parole, chaque signe nous parle au cœur.
A.M.
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