«Ce qui caractérise notre communauté à Soleilmont? Le rire!»
L’été est une période propice pour prendre un temps de retraite. Tout au long de l’été 2025, CathoBel a ainsi consacré une série d’articles aux lieux de retraite. Avec un passage par l’abbaye cistercienne de Soleilmont, à Fleurus.
Après avoir passé les grilles, il faut encore parcourir quelques centaines de mètres pour découvrir le monastère, niché au cœur d’un bois de 40 hectares. Depuis cinquante ans, les sœurs sont installées dans des bâtiments à l’architecture moderne, construits à quelques centaines de mètres de l’ancien monastère, ravagé par un incendie en décembre 1963.
Le domaine de l’abbaye est une invitation à la promenade et la méditation. Des sentiers traversent les bois pour vous mener vers des étangs ou un ermitage aménagé dans une ferme, vestige des activités de l’ancienne abbaye.
Un accueil sans distinction
Les religieuses et les retraitants disent trouver dans ce cadre verdoyant un lieu de ressourcement unique, habité d’une paix contagieuse. «L’accueil se prépare d’abord par la prière», confie sœur Danielle, qui participe avec neuf autres religieuses à l’accueil monastique. À Soleilmont, chaque visage est reçu «avec une oreille attentive» et porté dans les prières.
Cette disposition intérieure se traduit dans des gestes simples: une parole échangée à la vaisselle, un conseil au magasin, un sourire partagé à l’église. «Certaines personnes ont besoin de parler, de déposer leurs joies ou leurs fardeaux, d’autres non. On les reçoit comme elles sont. C’est cela l’hospitalité», poursuit sœur Danielle. L’abbaye accueille sans distinction: «Nous recevons très régulièrement des personnes athées ou musulmanes», précise encore la religieuse.
Ici, on ne parle pas d’hôtellerie mais d’accueil. L’abbaye ne compte qu’une douzaine de chambres et n’impose pas de tarif pour le séjour. «Si vous êtes fortuné, vous pouvez donner beaucoup, mais certains ne paient pas. Tout le monde est le bienvenu.» Ce choix d’ouverture reflète l’esprit de saint Benoît: accueillir le Christ en chaque hôte. Les séjours sont souvent individuels, quelques jours tout au plus, dans un cadre sobre, mais soigné. L’abbaye accueille également des retraites ou des groupes de catéchèse.
Des retraitants transformés par l’écoute et la simplicité
Parmi les fidèles de l’abbaye, Hyounday, 30 ans, revient régulièrement depuis neuf ans. «J’ai trouvé le lieu parfait pour me retrouver et chercher Dieu. L’accueil est tellement chaleureux, il est apaisant.» Elle témoigne de la transformation intérieure que permet ce temps à l’écart du rythme quotidien: «Le premier jour, je suis toujours fatiguée. Comme si tout le stress retombait d’un coup. Et ensuite, je me sens en pleine forme. Deux jours ici, c’est comme si nous étions là depuis un mois. C’est tellement reposant.»
Laila-Eléonore, 25 ans, a toujours connu le lieu. Sa grand-tante y était religieuse. Elle a renoué avec Soleilmont après un deuil familial: «J’avais besoin de me retrouver, de retrouver qui j’étais et de savoir dans quelle direction je voulais mener ma vie.» Pour elle, les religieuses sont «comme des grandes sœurs qui nous guident dans la vie». Hyounday confirme cette relation unique avec les sœurs et s’émerveille de la qualité de l’écoute: «C’est une écoute active, profondément bienveillante. On se sent compris, et surtout, on se sent considéré.»
Laila-Eléonore et Hyounday ne manquent jamais une occasion de venir se ressourcer
dans le cadre de l’abbaye de Soleilmont. © CathoBel/MVL
Une vie monastique ancrée dans la réalité
La force de Soleilmont réside dans son équilibre: prière et travail, clôture et ouverture, tradition et souplesse. La communauté compte actuellement 25 sœurs, âgées de 35 à 97 ans, une postulante et une stagiaire. Ce qui frappe le plus les visiteurs, c’est la joie rayonnante des sœurs. «Le rire, c’est ce qui fait notre particularité», confie sœur Marie-Pascal. «On ne dramatise pas. Tout est réparable.» Les sœurs apprécient aussi l’écoute attentionnée de mère Dominique, la mère abbesse. «Que ce soit pour la joie, les peines, l’énervement, nous sommes vraiment bien accompagnées et guidées», souligne sœur Danielle. «Nous pouvons par exemple partir passer un temps en famille si c’est nécessaire. Cette possibilité n’existait pas avant. C’est beaucoup plus humain aujourd’hui.»
Une journée rythmée par les offices et le travail
Durant leur séjour, les retraitants sont invités à participer librement à l’un des sept offices répartis dans la journée entre 4h du matin et 20h. «C’est exigeant, mais c’est beau», explique sœur Danielle, «ça donne vie et joie. On ne se rend jamais aux offices avec les pieds de plomb; non, on est heureux de se poser en Dieu et avec les sœurs.» Hyounday et Laila-Eléonore apprécient particulièrement le dernier office du jour, les complies: «Avec les chants, à ce moment où le soleil se couche, on ressent une atmosphère hyper particulière, prenante et qui transporte vraiment vers Dieu.»
Lors de notre visite, le chant des psaumes était magnifié par une sœur qui jouait de la harpe. Une autre sœur a ensuite lu des intentions de prière. Quand elle a bafouillé à plusieurs reprises sur le même mot, ça a déclenché un rire dans l’assemblée, signe que la bonne humeur fait partie intégrante de la vie de la communauté.
Durant la Semaine verte, organisée chaque année en juillet, l’intégration des visiteurs se fait aussi par des gestes simples. «Il y a des retraitants qui veulent aider au jardin, à la cuisine ou dans les bois. C’est un échange réciproque», témoigne sœur Danielle. Laila-Eléonore apprécie cette participation: «Le matin, une tâche nous est confiée. Ce n’est pas un service, c’est une contribution.» Cette Semaine verte est un temps de partage écologique et spirituel que Hyounday et Laila-Eléonore ne veulent manquer sous aucun prétexte. «C’est un rendez-vous incontournable. Je place mes congés en début d’année juste pour être sûre d’être là», explique Hyounday.
«Il faut oser!», lance Laila-Eléonore en invitation à ceux qui n’ont jamais franchi le seuil d’une abbaye. «Même sans être croyant, on peut passer un moment unique.» Hyounday appuie cette invitation: «C’est en franchissant ses peurs qu’on devient la meilleure version de soi-même. Ici, je me reconnecte à Dieu, à la nature, à moi-même.»
Article Manu VAN LIER (CathoBel)
- Merci à nos amis de CathoBel de nous avoir permis de reprendre cet article réservé à ses abonnés,
afin de mettre en lumière cette belle communauté de notre diocèse.