«Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent» (Psaume 84,11)
Tous, nous nous souvenons de l’attaque horrible du Hamas contre des Israéliens le 7 octobre 2023. Tous, nous avons suivi la réaction des forces armées et des autorités politiques de l’État d’Israël. À Gaza, au Liban, en Syrie, en Iran, au Yémen. L’axe iranien a subi des pertes. Mais le Hamas ne rend pas encore tous les otages enlevés le 7 octobre 2023. Pendant ce temps, la colonisation «juive» se poursuit en Cisjordanie. Tout le monde a bien remarqué le peu de réactions officielles des pays arabes. L’Égypte se protège d’une arrivée massive de Gazaouis.
Le déferlement médiatique empêche de «voir la vérité dans son ensemble». Il est clair que les médias occidentaux donnent, avec raison, la parole aux responsables politiques et au porte-parole des forces armées israéliennes. C’est la version officielle de ceux qui ripostent à l’action du Hamas. En revanche, nous avons rarement un exposé du côté de l’axe iranien ou des Palestiniens.
Ce qui pose question, c’est la situation des habitants de Gaza. Non seulement leur territoire est systématiquement détruit, mais ils sont enfermés. La nourriture, l’eau, les soins de santé les plus nécessaires à la vie sont volontairement empêchés. Malgré notre résistance à faire des amalgames, nous pensons spontanément au ghetto de Varsovie, et ailleurs en Europe, durant la deuxième guerre mondiale: affamer jusqu’à ce que la mort s’en suive. Les victimes les plus fragiles sont les enfants. A-t-on déjà pensé à l’absence d’écoles, de lieux de socialisation? A-t-on pris la mesure des destructions de lieux de culte et de prière publique?
Ceux qui connaissent bien l’historique des relations internationales, l’histoire du Moyen-Orient comme les tribulations du monde juif depuis le XIXe siècle, savent quelles sont les causes lointaines du désastre actuel. Ceux qui analysent l’évolution des idéologies musulmanes depuis les années 1970 comprennent les expressions politiques et les manifestations terroristes en cours. Le professeur Gilles Kepel est un expert reconnu dans ce domaine (Le bouleversement du monde, L’après 7 octobre, Paris, Plon, 2024).
Comment réagir? Plusieurs craignent que les opinions occidentales aboutissent à former des «camps» opposés: pro-palestiniens/pro-israéliens. On assiste de nouveau à des vagues d’antisémitisme et à des vagues islamophobes.
Je pense que chacun a à chercher la vérité sur ce qui se passe. Ce n’est pas simple. Dans des situations de ce genre, on fait appel à la « communauté internationale », dont l’ONU est une institution majeure.
Deux questions tournent régulièrement dans les médias. La première: faut-il parler de génocide? Certains pensent que oui, même s’il est nécessaire d’avoir un «instrument juridique» pour le définir. La seconde: faut-il reconnaître, en plus de l’État d’Israël (reconnaissance faite au lendemain de la deuxième guerre mondiale), un État de Palestine?
Ce n’est pas à moi, tout seul, comme évêque de Belgique, à imposer un avis. Cette reconnaissance est le fait des états de droit. Le Saint-Siège a reconnu l’État de Palestine il y a dix ans. Le Cardinal Parolin, secrétaire d’État, l’a rappelé le 28 juillet 2025.
Depuis quelques semaines, des personnes individuelles, des associations, des groupes de pression demandent aux évêques de Belgique de faire des interventions publiques. Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, membre du comité permanent de la Conférence épiscopale, a rappelé ce qui a déjà été fait:
- Le 21 mai 2025, une déclaration commune des philosophies de vie reconnues a été remise aux politiques. «La Libre» et «De Morgen» l’ont publiée intégralement.
- Le 23 juin 2025, les évêques ont lancé un appel à la prière et au jeûne pour demander l’inclusion de cette tragédie dans les célébrations eucharistiques.
- Le 31 juillet, Mgr Delville a signé, au nom des évêques, la pétition soutenue par la CNE (CSC) pour inciter le gouvernement à reconnaître l’État Palestinien.
N’oublions pas de prier pour la paix dans la justice! Et de manifester notre solidarité avec les victimes de l’injustice, de la guerre, de la haine!
+ Guy Harpigny,
Évêque de Tournai