Agissons pour un monde pacifique !
De tout temps, la guerre et la violence ont toujours fait rage sur Terre. Partant de ce constat, les Nations Unies ont institué en 1904 une journée internationale sur un sujet qui concerne chaque homme : la paix. À Charleroi, dans l’église Saint-Christophe, six communautés de confessions différentes se sont réunies ce dimanche 21 septembre pour prier ensemble.
Le doyen du Pays de Charleroi, M. l’Abbé Daniel Procureur, a souhaité la bienvenue et partagé sa joie d’accueillir de nombreuses religions dans un lieu chargé d’histoire comme l’église Saint-Christophe. Ce choix n’a pas été le fruit du hasard car c’est une église qui honore la mémoire de ceux qui se sont battus pour la paix : les martyrs de la Seconde Guerre mondiale.
Le Père Sylvestre, membre des commissions diocésaines pour le dialogue interreligieux et pour l’œcuménisme, a tenu à rappeler notre réalité. « Plus de 10 % de la population mondiale est exposée à la guerre, qui peut prendre différentes formes », écrit Le Monde. « On estime à 123 millions de personnes qui sont déplacées de force en raison de persécutions, de conflits, de violences, de violations des droits humains et d’événements perturbant gravement l’ordre public », peut-on retrouver sur le site de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés. « La paix est une responsabilité collective », soutient le Père Sylvestre.
La paix dans chaque communauté
Six communautés se sont rassemblées au nom de la paix : les communautés juive, musulmane, protestante, orthodoxe, catholique et de la foi de Bahaï. Les pauses musicales se sont succédées, mêlant différentes cultures et langues. Le thème de l’année 2025 est « Agissons pour un monde pacifique », inspirant chacun à passer à l’action, à être moteur de cette paix.
La foi de Bahaï semble détonner par rapport aux autres religions plus connues du grand public. Mais qu’est-ce que c’est ? Sur leur site internet, on peut comprendre que c’est une religion qui englobe toutes les autres, interprétant chaque prophète comme une manifestation de Dieu. Jésus, Moïse, Bouddha ou Mahomet seraient donc des manifestations d’un seul et même Dieu. « Bahá’u’lláh, le dernier en date de ces messagers, explique que les religions du monde proviennent de la même source et sont, en substance, les chapitres successifs d’une seule et même religion venant de Dieu », résume la page d’accueil du site.
La paix occupe une place importante dans chaque religion présente. Le Shalom en hébreu désigne, dans la tradition juive, la paix comme état de plénitude. Dans la lecture de la lettre de saint Paul aux Romains (Rm 12), la communauté orthodoxe a amené les participants à considérer la paix comme une décision personnelle. « Autant que possible, pour ce qui dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes. » (Rm 12,18) Chaque pas est donc une brique qui participe à la construction de la paix collective.
La paix : don et devoir
Dans la foi de Bahaï, on retrouve la recherche de la grande paix, une paix mondiale vers laquelle l’humanité se dirige. Avec la communauté protestante, on se plonge dans le chapitre 6 du Livre de Jérémie (Jr 6) et on perçoit la paix comme un équilibre : chaque chose, chaque personne doit être à sa place. Pour éviter la guerre, il faut que la société dans laquelle on vit soit juste. Pour la communauté musulmane, la paix est présente dès qu’on entre en relation avec l’autre avec As-Salam alaykum qui veut dire Que la paix soit avec vous et qui est utilisé pour saluer quelqu’un. Dieu est par ailleurs désigné par Salam qui veut dire la paix.
Pour la communauté catholique, c’est autour de la septième béatitude que s’est aiguillée l’intervention. « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » (Mt 5, 9) Fabriquer la paix, c’est donc entrer en relation directe avec Dieu et devenir fils de Dieu comme Jésus. Saint Augustin ajoute que la paix, c’est la tranquillité de l’ordre. Il convient donc d’être en paix avec Dieu, avec soi-même, avec les autres mais aussi avec l’existence et la vie. La paix est donc un don de Dieu, une œuvre à construire avec lui.
M. Mohamed Rharib, chargé de mission à la Direction Générale de l’Enseignement Obligatoire, dignitaire musulman, a rappelé que cette rencontre « est un signe d’espérance qui permet d’unir nos voix pour rappeler que la paix est un devoir sacré. » Charleroi a la chance d’être une ville pleine de diversité et c’est un acte de fraternité de choisir de réunir plusieurs religions au nom de la paix, refusant la haine et la peur. La paix commence aujourd’hui et maintenant et il convient de créer un havre de paix dans chacune des communautés présentes.
Artisans de paix
Un geste de paix a été proposé à chacun à la fin de ce temps de prière. Une façon de renforcer le lien et de faire communauté tous ensemble, peu importe les convictions religieuses. Une invocation commune a aussi été récitée par tous en chœur. Certains de nos lecteurs aguerris reconnaîtront la prière de saint François d’Assise :
« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie. »
Avant d’entonner la prière de saint François, Mgr Harpigny a voulu détendre l’assemblée avec une touche d’humour : « Courage, je suis le dernier ! » Pour lui, quatre mots montrent le don de Dieu pour l’humanité et sont toujours à considérer ensemble : la paix, la justice, la vérité et l’amour. Malgré des convictions différentes, tous les croyants sont engagés sur le même chemin, un chemin demandé par Dieu. C’est avec un message plein d’espérance qu’il a voulu conclure cette journée : « L’année prochaine, il y aura toujours la journée internationale pour la paix. J’espère que dans certains endroits du monde, on l’aura trouvée. »
Anaïs Marescaux