Ath: hommage à l’abbé Pierre Van Sintjan
Faire découvrir au public une figure importante de la Résistance, c’est ce qu’ont voulu faire quelques élèves de 6e du Collège Saint-Julien d’Ath. Ils ont enquêté sur un professeur de leur école dont le nom avait été oublié depuis des décennies, mais dont la personnalité atypique mérite qu’on s’y intéresse.
Ordonné prêtre en 1935 et nommé professeur au Collège d’Ath, ce natif de Morlanwelz a rejoint le Groupe G («Groupe Général de Sabotage») à la fin de l’année 1942. Il a alors 32 ans. Au sein de cette organisation fondée par d’anciens étudiants de l’ULB, il sera tout d’abord chargé de collecter des informations à propos des activités de l’occupant sur le réseau ferroviaire et à la base aérienne de Chièvres. Il réussira ainsi à mener une double existence: d’un côté prêtre et professeur d’histoire dans le secondaire et, de l’autre, résistant discret et efficace.
L’abbé Van Sintjan deviendra chef du renseignement («R30») pour une partie du Hainaut, avant d’être nommé en 1943 commandant de l’organisation («C30») dans cette même région (Tournai, Leuze, Ath, Mons). Il coordonnera l’action des membres du Groupe G, principalement dans la préparation d’actions de sabotage destinées à gêner les troupes d’occupation. Pour échapper à la traque des autorités allemandes, il devra entrer dans la clandestinité et dirigera le Groupe G dans la région de Liège, en devenant «C20» jusqu’à la Libération.
En 1947, il quitte Saint-Julien pour enseigner notamment à l’Institut Saint-Joseph de La Louvière et à l’Institut Saint-Luc de Ramegnies-Chin. Il décède en 1988 à Tournai et est inhumé à Ath, dans le carré des résistants.
Toute sa vie, l’abbé Pierre Van Sintjan restera marqué par son expérience traumatisante de résistant, mais gardera aussi en mémoire une phrase de Germaine Faider-Feytmans, conservatrice du Musée de Mariemont. C’est elle qui l’a convaincu d’entrer dans la Résistance en lui disant: «Si on sabote assez dans la région d’Ath, la ville ne sera pas bombardée. Pensez aux habitants!»
Travail de mémoire
C’est cet itinéraire étonnant que les rhétoriciens de Saint-Julien ont pu retracer en consultant les mémoires de Pierre Van Sintjan, mais aussi en ayant accès à divers documents, dont son dossier de résistant, conservé aux Archives de l’État. À partir de toutes ces informations, les chercheurs en herbe, dans le cadre d’un cours de communication, ont conçu un petit film documentaire intitulé «Pierre Van Sintjan: un rendez-vous avec l’histoire».
Le 12 septembre dernier, ils ont présenté ce film en avant-première devant un public très attentif constitué de parents, de professeurs, mais aussi d’historiens et de personnes intéressées par l’histoire locale et régionale. Un vrai travail de mémoire.
Pierre Pureur
