Une roue d’espérance au cœur de Seneffe
C’est à Seneffe, et plus précisément dans l’église Saints-Cyr-et-Julitte, qu’a été inaugurée la reproduction de l’œuvre « Roue Céleste ». L’œuvre originale est quant à elle exposée dans la cathédrale de Tournai depuis novembre 2024.
À trois jours du réveillon de Noël 2025, dans une église à la façade datant du 19e siècle, bon nombre d’enfants ainsi que de paroissiens se sont réunis pour la messe des familles dans un édifice chaleureux, baigné de teintes jaunes, sublimé par de belles voûtes et de magnifiques vitraux aux nuances bleutées.
Tous les enfants ayant eu cours de catéchèse durant la première partie de la matinée ont pris place aux premiers rangs, accompagnés par certains parents pour suivre la messe présidée par M. le vicaire général Olivier Fröhlich ainsi que l’abbé Blaise Afwanisu.
La célébration a été ponctuée de beaux moments avec les enfants. Lors de l’acclamation de l’Évangile, tous se sont réunis devant l’autel et ont entamé une danse au rythme de l’ « Alléluia ». Une prière gestuée avait ensuite été proposée lors des intentions de prière, certaines étant également récitées par les enfants.
Accompagnés des deux célébrants, les plus jeunes ont ensuite été invités à se réunir devant et, en se donnant la main, ont dit le « Notre-Père ».
Inauguration et bénédiction
Après la bénédiction d’envoi, les fidèles étaient invités à se rassembler au fond de l’église face à la « Roue Céleste » recouverte d’un drapé vert. Roue réalisée par une victime, abusée par un prêtre et ami de la famille.
L’œuvre se situe entre deux stations du chemin de croix : la 9e, lorsque Jésus tombe pour la troisième fois et la 10e, quand Jésus est dépouillé de ses vêtements.
C’est alors Anne-Marie Cocriamont, bénévole au sein de la paroisse, qui a pris la parole.
Elle a ainsi évoqué l’artiste, victime d’abus, qui souhaite garder l’anonymat mais qui a enrichi son œuvre de mots forts que l’on peut lire sur la plaque blanche dessous : « Transformer les bleus de l’âme en bleu céleste, un pas de plus dans la mémoire et la prévention des abus. Soyons solidaires. »
Anne-Marie insiste : « Il faut tout faire pour que cela ne se reproduise plus et que cette démarche engage chacun de nous pour qu’un plus jamais s’installe définitivement. »
Le vicaire général a poursuivi en soulignant : « Si par le passé il y a eu tant de cas d’abus, c’est bien entendu d’abord la faute des abuseurs, mais c’est aussi dû au silence que la société imposait sur ces questions : on ne voulait pas écouter les victimes, et on ne prenait pas de mesure ! Aujourd’hui, nous devons tous devenir acteurs de cette lutte contre les abus. Nous devons aux victimes respect et empathie, avec énormément de délicatesse, en n’oubliant jamais que ce sont des personnes blessées au plus profond d’elles-mêmes. »
Si les abus ne se limitent pas qu’à l’Église, ceux-ci sont vus comme le scandale absolu pour ces deux motifs : « Que ce soient des prêtres et des religieux qui abusent de mineurs, eux qui avaient une mission spirituelle, et souvent une responsabilité éducative, est abject ; à cela s’ajoute l’impression que l’autorité ecclésiastique a au minimum fermé les yeux, voire couvert, ces crimes. »
Une prière pour continuer la route
M. l’abbé Fröhlich s’est aussi voulu rassurant « Aujourd’hui, le drame des abus sexuels, et particulièrement des abus sur mineurs, est enfin accueilli et écouté, dans la société comme dans l’Église – après de nombreuses années d’omertà. »
M. le vicaire général a ensuite béni l’œuvre. Puis, une paroissienne a lu la prière distribuée auparavant par quelques enfants. Cette prière, choisie par l’artiste, s’intitule « Prière pour continuer la route ». Elle a été imprimée en écriture blanche sur un fond bleu rappelant son œuvre.
Mathilde Duquesne
































