Un jour de joie aux Marronniers

Un jour de joie aux Marronniers

Moins d’une semaine après avoir célébré Noël avec les détenus de la prison de Tournai, c’est quelques centaines de mètres plus loin, aux Marronniers, que Mgr Frédéric Rossignol est venu fêter la Nativité au milieu des patients de l’Hôpital Psychiatrique Sécurisé.

Une messe au Centre «Les Marronniers», c’est bien souvent une messe un peu différente des autres. Parce que les membres de l’assemblée sont parfois un peu dissipés, qu’ils n’hésitent pas à poser des questions ou à se lever en pleine célébration. Mais c’est surtout une célébration touchante, où chacun –avec ses forces et ses faiblesses, ses richesses et ses fêlures– est accueilli chaleureusement, grâce aussi au personnel de l’établissement qui se coupe en quatre pour faire de ce moment une parenthèse de douceur et d’humanité.  

Ordonné à peine plus de dix jours plus tôt, Mgr Rossignol se présente comme un «bébé évêque», ce qui fait bien rire l’assemblée. L’abbé Axel Delcoigne, membre de l’équipe d’aumônerie des Marronniers, est heureux de le recevoir pour la première fois en ces lieux, ce 26 décembre 2025. Et rappelle une chose essentielle: pour entrer dans cette célébration, avoir un cœur ouvert suffit.

Une chorale enthousiaste

Avant même que ne débute la liturgie, le nouvel évêque a déjà conquis la cinquantaine de patients venus de différentes sections de ce qu’on appelait avant «la Défense sociale», et qui ont tenu à participer à la messe de Noël. Parce qu’avec beaucoup de sincérité, visiblement ému, Mgr Rossignol a partagé aux personnes présentes un petit bout de son histoire familiale. S’il est d’autant plus heureux et touché d’être présent, ce jour-là, c’est aussi parce qu’un de ses proches aujourd’hui décédé a passé une partie de sa vie aux Marronniers. Un lien intangible que perçoivent les participants, applaudissant leur évêque à tout rompre.

L’atmosphère se fait alors plus recueillie. La chorale «Jour de joie», venue de l’unité pastorale de Tournai-Est, fait résonner ses harmonies dans la petite chapelle improvisée. Certains patients chantent de bon cœur, d’autres observent les musiciens avec curiosité, tous sont attentifs. Le diacre Paul Laurent, qui a passé le flambeau de l’aumônerie à Michel Duquenne il y a quelque mois, commence à se détendre: tout se passe à merveille.

À chaque étape de la célébration, Mgr Rossignol prend le temps, explique, improvise un moment de catéchèse. Il profite de l’homélie pour détailler les signes qui indiquent son statut d’évêque: l’anneau, la croix pectorale… «Normalement j’ai aussi un petit chapeau, mais aujourd’hui je l’ai oublié à la maison.»

Quand on est loin de sa famille…

Et puis le 101e évêque de Tournai insiste une nouvelle fois sur l’étonnant choix de Dieu, qui a voulu que des personnes simples, pauvres, n’habitant pas de belles maisons, soient les premières à venir adorer l’enfant emmaillotté dans une mangeoire. «Joseph et Marie ont été très touchés par cette visite, parce qu’ils ont eu leur enfant loin de leur famille, ils étaient tous seuls. Nous non plus, quand on va voir Jésus, on n’a pas besoin d’être importants, notre prière est reçue par Dieu.»

L’assemblée est ainsi invitée à prier: «On va prier pour nous, pour nos familles. Parce que quand on est ici, on est loin de notre famille. On prie aussi pour tous ceux qui habitent cette maison, et pour celles et ceux qui s’en occupent.» Les intentions, elles, s’arrêtent sur les hommes qui continuent à se chamailler en oubliant qu’ils sont aimés de Dieu; sur ceux qui souffrent de faim, de froid, de catastrophes; sur les personnes tellement préoccupées de vivre à fond qu’elles en oublient de regarder vers le ciel. Un peu plus tard, Anthony, patient aux Marronniers, communie pour la première fois de sa vie…

Faire chanter l’Évangile

L’abbé Delcoigne glisse encore un petit mot à leur hôte du jour: «Tout à l’heure, vous nous avez dit que vous ne chantiez pas toujours très juste, ce qui est regrettable pour un rossignol! Mais ce qui est important, c’est que vous fassiez chanter pour nous l’Évangile.»


Avant de laisser les participants se réchauffer avec un gobelet de café ou de cacao, c’est le temps des cadeaux. Michel offre à Mgr Rossignol une crèche en glaise qu’il a réalisée et qui doit encore être cuite au four. Quand il ouvre délicatement l’emballage, l’artiste est très déçu car deux personnages se sont cassés. Il faudra les réparer avant de passer le très beau montage à la cuisson. Thierry, lui, tend une crèche qu’il a construite avec des bâtonnets de bois.   

Alors la chorale se lance dans un chant gospel joyeux et coloré. Impossible d’y résister, tout le monde frappe dans les mains, chante et ondule en rythme. Évêque compris!

A. Michel

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