Une journée de formation sous le signe de l’ouverture pastorale

Pour la seconde journée de la session annuelle de formation des acteurs pastoraux, deux conférenciers se sont encore tournés vers les participants éparpillés en divers lieux du diocèse avant de les amener à réfléchir et échanger en petits groupes. Rendez-vous est déjà donné en 2023 pour un nouvel approfondissement théologique…

Michel Dupuis, philosophe, professeur ordinaire à l’UCL ou encore président du Comité consultatif de bioéthique de Belgique, était le premier à stimuler l’attention et la réflexion des différentes assemblées, l’une en présentiel au séminaire de Tournai, les autres par visioconférence un peu partout dans notre diocèse. Avec un sujet intitulé « Quelques tensions anthropologiques d’aujourd’hui », l’orateur ne pouvait que s’arrêter longuement sur la question du « présent » : « La question de l’anthropologie nous met face à notre aujourd’hui. Il y a un aujourd’hui de notre foi, le passé permet de mieux rencontrer notre aujourd’hui. Nous sommes attendus aujourd’hui. Cela nous donne une sacrée responsabilité ! »

Rassurant, Michel Dupuis estime que parler de tensions ne doit pas nous inquiéter : « Cela fait partie du jeu, ça ne veut pas forcément dire qu’il y a des problèmes ». Il convie les participants à une forme de détachement : « L’anthropologie contemporaine nous demande, le temps de la réflexion, de déposer le concept de « personne », comme un manteau au vestiaire. La pensée d’aujourd’hui doit mettre le doigt sur des processus, l’idée de personne est trop stable, trop fixe. »

Et Dieu dans tout ça ?

Les mots et les concepts fusent : métaphore de la liquidité, facticité, autonomie, accidentalité, vulnérabilité,… Michel Dupuis n’hésite pas à inventer un mot pour les besoins de son propos, la « parfacticité », qu’il offre à l’assemblée et qu’il gardera en souvenir de son passage à Tournai. Comme pour annoncer le prochain conférencier, il termine en parlant de naissance et de temps qui passe : « La grande affaire, c’est de commencer, de naître. (…) La Vérité se donne, elle passe, elle percole au fur et à mesure que le temps passe. Comme le café prend son temps pour passer, nous avons tout notre temps pour naître. »

Presque en écho à ces dernières réflexions, l’abbé Paul Scolas, docteur en théologie, professeur à l’ISTDT, vicaire général émérite du diocèse de Tournai, aborde son sujet (« Qu’est-ce que l’homme ? S’interroger sur l’humain en introduisant Dieu dans la question ») en évoquant lui aussi la naissance : « Au commencement, il y a une naissance, une Parole créatrice, une promesse de réconciliation. (…) Naître d’en haut. Le commencement est offert comme une parole qui met en route et ouvre un chemin de vie. »

Séduits ou heurtés ?

Une Parole qui s’est faite chair. « N’est-il pas délirant de voir Dieu en un homme crucifié ? (…) L’originalité chrétienne est d’avoir vu Dieu dans un homme mis au rang des maudits. Dieu apparaît comme un Dieu qui descend dans notre humanité, qui se fait proche et ne renonce jamais à se faire proche. » Pas d’abord pour venir réparer le péché mais pour que les hommes aient la vie en abondance.

Il fallait bien une pause et un peu de nourriture terrestre pour laisser les acteurs pastoraux inscrits à cette sessions 2022 digérer toutes ces notions ! À la reprise, tous étaient invités à déceler, dans quelques textes choisis par les organisateurs, ce qui pouvait les séduire ou les heurter. Place ensuite à un temps d’ouverture pastorale pendant lequel, en petits groupes, chacune et chacun a pu partager son ressenti sur l’un ou l’autre extrait. Les idées s’échangent, certains y retrouvent des thématiques auxquelles ils sont confrontés dans leur quotidien.

En répondant aux dernières questions suscitées par le travail en groupe, les deux conférenciers du jour sont bien d’accord sur la nécessité de telles sessions de formation : « Il est important que ceux qui ont la parole, les pasteurs, se soient d’abord nourris, se soient émerveillés, pour pouvoir en parler ; il faut vivre les choses pour les donner autrement ».

Agnès MICHEL

Les mercis de Mgr Harpigny

Notre évêque, qui a comme chaque année assisté aux deux jours de formation proposés, a chaleureusement remercié les organisateurs pour leurs efforts : « Nous avons eu des intervenants de grande qualité. Certains qu’on connaît bien, d’autres moins, en distantiel, notamment en France. On a pu approfondir beaucoup de choses. L’être humain, par rapport à Dieu, dans le dessin de Dieu, avec d’autres êtres humains dans le dessein de Dieu : ce sont des questions très importantes. (…) J’espère que chacun chacune pourra partir en ayant progressé personnellement. »

Mgr Harpigny a aussi souligné la richesse de tels moments vécus ensemble (même si la crise sanitaire a empêché que tous les participants soient réunis en un même lieu cette année). « C’est très important pour des êtres humains de se rencontrer, de se soucier les uns des autres, d’envisager l’avenir ensemble. Nous sommes dans un diocèse avec des personnes de cultures différentes, nous nous adressons à des personnes de cultures très différentes, ces journées sont importantes. »

Le dernier « merci » de la journée sera pour Nicole et Yvon Leclère, bénévoles de « l’équipe café » depuis des décennies, qui ont permis aux participants de vivre ces sessions dans la convivialité, un verre ou une tasse à la main pendant les pauses, d’échanger un sourire ou quelques mots. À passé 80 ans, ils ont souhaité mettre un terme à leurs activités de bénévolat. Mais ils avaient fait le déplacement jusqu’au séminaire de Tournai pour saluer l’assemblée et Mgr Harpigny. Et ils ne sont pas repartis les mains vides : « L’idée était de faire les choses en grand parce que vous avez rendu de très très grands services », a lancé Stanislas Deprez en leur remettant notamment une bouteille de 3 litres d’un breuvage malté produit au Roeulx, au cœur du diocèse de Tournai. « J’ai pris une grande bouteille pour que vous soyez obligés d’inviter les autres membres de l’équipe de bénévoles pour la boire ! »