Paul Trigalet a son parc à Jumet-Gohyssart
Jamais il n’aurait pu imaginer cela ! Ordonné prêtre en 1958 et devenu prêtre-ouvrier de 1968 jusqu’à son départ dans une demeure éternelle en 2018, Paul Trigalet a désormais un parc dédié à son nom à Jumet-Gohyssart.
Une centaine d’amis, anciens et actuels militantes et militants concerné.e.s par le logement, étaient présents le lundi 29 août 2023 dans le Parc de l’Allée Verte pour assister à l’inauguration, ou plutôt au rebaptême de ce parc en l’honneur de Paul. En effet, après avoir été vicaire dans la paroisse de Jumet-Gohyssart pendant deux ans, et avec l’accord de son évêque, Paul s’était engagé comme ouvrier chez Goffart à Monceau-sur-Sambre, tout en habitant dans cette nouvelle cité ouvrière appelée « allée Verte », construite par la « Sambrienne » à l’orée du bois de Bayemont.
Un livre ne suffirait pas pour raconter toutes les péripéties d’une vie proche des travailleurs et d’habitants en recherche de logement décent. C’est ainsi que sensible aux difficultés de ses voisins habitant la cité, il crée la Fédération Nationale des Habitants des Cités (FNHC), avant de devenir délégué FGTB chez Dassault à Gosselies. Attentif au besoin des petites gens de pouvoir de temps en temps « prendre l’air », il réussit à faire acheter une ruine dans les Ardennes, à la retaper avec l’aide d’amis pour en faire en 1984 un lieu de rencontres, mais aussi de « vacances bon marché pour ceux qui n’ont pas la possibilité d’en prendre », comme il aimait le dire.
Ce n’est pas la pré-pension ni son déménagement à Jumet Chef-lieu en 1986 qui arrêtent ses engagements, car sensible aux personnes les plus précarisées et/ou sans domicile, il crée l’asbl « Solidarités Nouvelles » (Nouvelles, pour lui, signifie des solidarités chaleureuses, fraternelles), suivie de « Comme chez nous » où les plus précarisés peuvent non seulement se retrouver à l’aise mais surtout inventer des trucs à faire, recommencer à être créatifs.
C’est également à cette époque qu’il rejoint à Bruxelles le groupe d’une trentaine de personnes belges qui dorment à la rue car les administrations communales leur refusent tous leurs droits puisqu’ils ne sont domiciliés nulle part. C’est là que son expérience de militant et de syndicaliste sera précieuse, car il permettra à ce petit groupe qui avait été rejoint par les Flamands de mener une solide guérilla au niveau fédéral pour que les personnes belges sans domicile puissent jouir de leurs droits.
Et donc, en plus de son engagement en Wallonie, on peut dire qu’aujourd’hui c’est en partie grâce à son expérience dans la lutte pour les droits des personnes que des dizaines de milliers de SDF belges ou étrangers en séjour légal peuvent jouir de leurs droits grâce à une « adresse de référence ».
Lors de cet hommage à Paul, allusion a été faite aussi à Roger Vanthournout, également prêtre ouvrier, fondateur de l’asbl « En sakwè à fé » qui permet à des jeunes sans formation de trouver un travail rémunérateur. ASBL appelée aujourd’hui « Quelque chose à faire ».
Jean Peeters, cicm