Quand l’école chrétienne se donne à voir
Une soirée thématique a rassemblé directions et pouvoirs organisateurs de l’enseignement catholique pour réfléchir et s’émerveiller de tout ce que les établissements du diocèse de Tournai proposent, de tout ce que leurs élèves réalisent. Une soirée où il a été beaucoup question de «trois petits points».
En 2021, une version revisitée du livret «Mission de l’école chrétienne» a été diffusée dans les écoles catholiques. Mais pour que ce document de référence ne finisse pas au fond d’une armoire des directions d’école, le Comité Diocésain de l’Enseignement Catholique du Hainaut (CoDIEC) a lancé un chouette projet destiné à le faire vivre, à se le réapproprier, à le faire «infuser» dans les établissements scolaires.
«Exp’osons nous», c’est une expo itinérante réalisée par et pour les élèves et leurs enseignants. En relisant le projet éducatif de l’enseignement catholique contenu dans «Mission de l’école chrétienne», les participants ont pu avoir un nouveau regard sur tout ce qui se vit de beau dans leurs établissements, ce qui rassemble, fait grandir, sensibilise, éduque. Et surtout, sortir ces expériences porteuses de sens bien au-delà des murs des écoles.
Plusieurs directeurs et directrices –tant de l’enseignement fondamental que secondaire ou spécialisé– ont ainsi profité de cette soirée thématique, organisée le 20 mai 2025 aux FUCaM, à Mons, pour venir parler avec enthousiasme d’humanisme, de liberté, de démocratie, d’autonomie collective, d’engagement ou de conscience écologique. De toutes ces initiatives qui mettent les jeunes en marche, de la richesse des rencontres, de la fertilité des idées, d’une éducation soucieuse de prendre en compte les élèves dans tout ce qu’ils sont, avec bienveillance.
L’héritage chrétien
Vincent Flamand est entre beaucoup de choses philosophe, théologien, prof dans l’enseignement supérieur. Il travaille aussi pour le service d’étude du Secrétariat général de l’enseignement catholique (le SeGEC) et c’est à ce titre qu’il a participé à la réécriture de «Mission de l’école chrétienne». Invité à partager ses «Réflexions…», le conférencier s’est surtout concentré avec passion, humour et profondeur sur ces «trois petits points», ces points de suspension qui vont au-delà de ce qu’on parvient à exprimer, qui représentent tout ce qu’il reste à dire, qui offrent à chacun.e de nous la possibilité de mettre du sens, notre sens.
«Le document Mission de l’école chrétienne, ce n’est pas un mode d’emploi, un programme, des vérités dogmatiques, mais c’est le désir de définir ce qui nous travaille. L’héritage chrétien, avec ses dérives, ses zones d’ombre, ses chutes, c’est surtout un immense espace pour ce qui nous dépasse, un grand mouvement d’amour inconditionnel.» Dans une époque qu’il trouve «très bavarde» et qui nous incite avec autorité à toujours dire qui on est (pour pouvoir plus facilement nous placer dans des cases?), l’orateur plaide pour que l’on accepte ceux qui ne savent pas, qui balbutient, qui essaient sans y arriver. «Ce qui est crucial dans nos existences, c’est ce qu’on ne sait pas vraiment nommer, l’indicible, la quête, l’aventure.»
Faire de la place à l’intériorité
Dans le projet «Exp’osons nous», Vincent Flamand lit en filigranes l’immense désir de la majorité des enseignants d’accueillir tous les élèves dans leur diversité, de s’ouvrir à un monde intérieur partagé. «S’il n’y a pas cette aspiration-là, on perd le sens. Il faut être travaillé par cette dimension, par la figure insaisissable du Christ qui cherche à tirer le meilleur de nous.»
Nous traversons une époque d’immense mutations, avec notamment l’arrivée en trombe de l’intelligence artificielle. «Qu’allons-nous faire de ces mutations? Allons-nous nous laisser coloniser par ces images extérieures ou allons-nous habiter nos images intérieures? Les images que j’ai pu voir dans l’exposition témoignent de ce désir d’intériorité. Je souhaite à notre enseignement de vivre ces trois petits points…»
Agnès Michel
Découvrez les écoles participantes du projet «Exp’osons nous»