Ordination épiscopale de Mgr Frédéric Rossignol
Tournai – 14 décembre 2025
Frères et sœurs,
Joyeux dans l’Espérance est le titre du bulletin d’amitié des Spiritains au Mémorial Kongolo à Gentinnes, en Brabant wallon. Joyeux dans l’Espérance, c’est aussi la joie du missionnaire et la joie de ce dimanche de Gaudete, troisième dimanche de l’Avent.
Oui, notre joie aujourd’hui est de voir la réalisation, en Jésus, des promesses annoncées par le prophète Isaïe : « Les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. » Là se trouve bien notre espérance : en Jésus, Dieu vient accomplir ses promesses, spécialement auprès des petits, des malades et des pauvres.
Nous sommes tous porteurs, dans l’Église, de cette joyeuse espérance : en Jésus, Dieu se fait proche, en particulier des pauvres. Car personne n’est exclu de son amour. C’est pourquoi le disciple-missionnaire a toujours à la bouche cette bonne nouvelle : chacune, chacun est aimé de Dieu…
Mais cette espérance ne s’exprime pas seulement par des paroles. Pour être authentique, elle passe aussi — et surtout — par des actes. Jésus a annoncé la Bonne Nouvelle aux pauvres en la manifestant très concrètement par les signes et les guérisons qu’il accomplissait.
Le premier apostolat du missionnaire, et singulièrement de l’évêque, est celui de la bonté. C’est en nous faisant proches et bons, spécialement des petits et des pauvres, que nous annoncerons Jésus et sa bonté incommensurable.
Mais se faire proche, c’est aussi faire l’expérience de sa vulnérabilité et de son impuissance. Vulnérabilité, car la fragilité d’autrui réveille en moi mes propres limites et mes propres blessures. Impuissance, car devant certaines situations de maladie, de souffrance, de violence ou d’injustice, je peux en arriver, malgré tous mes efforts, à ne plus savoir que faire.
C’est alors que résonne l’invitation de Jacques : « Prenez patience, vous aussi, et tenez ferme, car la venue du Seigneur est proche. » Oui, face à la tentation du découragement devant tant de situations de souffrance ou d’injustice, l’espérance m’invite à la patience et à tenir ferme, spécialement dans la prière et la charité.
L’espérance m’appelle aussi à reconnaître que je ne suis pas tout-puissant et que je n’ai pas réponse à tout. Seul Jésus est Sauveur. Il est, lui, notre espérance, une espérance que l’attente patiente et confiante de sa venue vient affermir.
Cette espérance en Jésus nous invite alors à une joie plus profonde encore. C’est celle que Jésus exprime dans la béatitude qu’il adresse à Jean le Baptiste et à chacun de nous : « Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »
Cette béatitude invite non seulement à ne pas réagir négativement face à Jésus ou à ne pas faire obstacle à son action. Elle consiste aussi, à la lumière de l’Évangile de Matthieu, à se mettre inconditionnellement à la suite de Jésus, jusqu’à porter sa croix. Les Spiritains et leurs martyrs en savent quelque chose. Mais c’est là également que se trouve la joie la plus inattendue, par pure grâce, pur don de Dieu : la joie dans l’espérance.
À vous, fidèles et habitants du diocèse de Tournai, est donné, en la personne de Mgr Rossignol, un pasteur joyeux dans l’espérance — je peux en témoigner. Un pasteur parfois un peu espiègle, comme le révèle son quali scout !
Cher Frédéric, Agouti Espiègle, tu es conscient que c’est l’Esprit Saint qui fait toute chose nouvelle dans l’Église et dans les cœurs. Il met en toi cette joie et cette espérance que tu es appelé à porter à tous, spécialement aux petits et aux pauvres. C’est par la bonté, en particulier, que tu pourras, avec tes frères et sœurs en Christ, être témoin de la Bonne Nouvelle.
C’est l’Esprit également qui te donnera patience et persévérance pour suivre le Christ et conduire, en son nom, le peuple qui t’est confié. Surtout, il te donnera la confiance que le Seigneur est proche et qu’il n’abandonne pas son Église.
Et c’est encore l’Esprit qui nous invite tous, avec Marie, à rendre grâce à Dieu en ce jour pour ses merveilles et pour la moisson abondante, afin de repartir nous aussi joyeux dans l’Espérance !
+ Luc Terlinden
Archevêque de Malines-Bruxelles

















