Deux associations sœurs au service des plus démunis
En 2021, Action Vivre Ensemble a fêté son demi-siècle d’existence tandis qu’Entraide & Fraternité soufflait ses 60 bougies. Une belle occasion de jeter un coup d’œil dans le rétro mais aussi d’envisager l’avenir.
Vous le savez certainement, Action Vivre Ensemble et Entraide & Fraternité sont des instances de l’Église catholique belge au service des plus démunis. La première se bat contre l’exclusion sociale et soutient de nombreuses initiatives de lutte contre l’injustice et la pauvreté dans notre pays. Elle organise chaque année, pendant la période de l’Avent, une campagne de récolte de fonds pour soutenir ces initiatives et sensibilise aussi les citoyens aux causes de l’exclusion sociale en Belgique francophone. La seconde, de son côté, est une Organisation non gouvernementale de coopération au développement qui œuvre « pour que la Terre tourne plus juste ». Elle soutient annuellement une centaine d’actions de développement dans près de 20 pays du Sud et organise également des campagnes de sensibilisation et d’action en Belgique, notamment au moment du Carême.
« Entraide & Fraternité est née en 1961 à l’initiative de la Conférence épiscopale belge », explique Renato Pinto, animateur et coordinateur pour les deux associations. « On était en période post-coloniale au Congo. En réponse à une famine dans la région du Kasaï, les évêques de Belgique avaient fait appel au secours international de Caritas pour organiser cette première campagne de Carême. À l’époque, c’était une initiative commune entre la Wallonie et la Flandre. Dès 1963, ces deux antennes sont devenues une ONG autonome mandatée par la Conférence épiscopale, pour faire vivre la solidarité dans les communautés catholiques. »
Dix ans après la naissance d’EF, c’est Vivre Ensemble qui voit le jour, suite à l’interpellation des partenaires du Sud d’EF, et notamment de Dom Hélder Câmara, qui disait : « C’est très bien de vous occuper de la misère au loin mais regardez aussi devant votre porte, chez vous il y a aussi des pauvres ».
Un travail de terrain
Tous les ans, ce sont ainsi plusieurs dizaines de projets qui bénéficient du soutien de ces deux associations sœurs. Mais comment choisir parmi toutes les initiatives qui sollicitent une aide ? « Chaque Province en Wallonie a une Commission Vivre Ensemble qui reçoit et sélectionne les différents projets de solidarité qui sont candidats », détaille Bruno Di Pasquale, lui aussi animateur et coordinateur des deux mouvements. « Ces commissions sont composées de bénévoles, de membres d’associations de terrain, d’acteurs paroissiaux, parfois d’enseignants, et de manière générale de citoyens assez engagés. Ce sont des équipes hyper dynamiques, qui se basent sur une série de critères comme la participation des personnes, le travail en réseau, la répartition géographique,… »
Pour Entraide & Fraternité, qui a le statut d’ONG, le fonctionnement tourne plus autour de programmes réalisés avec la coopération belge, et les critères de choix sont beaucoup plus encadrés.
Pour mieux comprendre tous ces projets, se rendre compte de la réalité sur le terrain est primordial. Des visites sont régulièrement organisées, avec des bénévoles des commissions et des membres des équipes sous-régionales, qui mettent alors leur expérience et leurs réseaux à profit pour évaluer les initiatives. « Cela permet aussi de mettre des émotions, des vécus, des sourires, des situations sur un dossier, qui pourrait rester un contenu assez froid et moins vivant », insiste Bruno Di Pasquale.
Sensibiliser
Amélia Caronchia travaille depuis plus de 30 ans pour VE et EF. Engagée au départ comme secrétaire, elle s’est au fil du temps de plus en plus investie dans l’accueil et l’animation. En juin 2022, elle prendra une retraite bien méritée. Elle aussi est convaincue de l’importance des contacts établis directement avec les gens, là où ils vivent : « Le moment le plus beau que j’ai vécu avec Entraide & Fraternité, c’est quand ils m’ont offert un voyage-relais, avec un groupe de six personnes. Je suis allée au Mexique, au Guatemala et au Nicaragua, et là ça a été la révélation. Tout a changé d’un coup, pour parler avec les gens, parce que j’avais vécu avec eux, dans des huttes, dans des petits cabanons, c’était nos partenaires, des gens formidables. »
Parler des projets, du Nord comme du Sud, appeler à la solidarité, à l’ouverture, encore et encore, c’est sans doute la partie la plus visible de l’action des deux associations belges. Mais un autre volet essentiel est la sensibilisation aux causes de l’exclusion sociale et de l’injustice. Une sensibilisation qui peut commencer dans les écoles, comme l’explique Dolorès Fourneau, responsable du Pôle Jeunes d’Entraide et Fraternité : « Notre mission est vraiment de travailler avec les enseignants, surtout du secondaire, et pour le futur certainement avec des animateurs de maisons de jeunes, de mouvements de jeunesse, et d’essayer de les outiller pour qu’eux-mêmes deviennent des relais. On prévoit des temps de formation, on les accompagne en projet dans leurs classes, on fait du coaching… »
Les jeunes sont ainsi amenés à réfléchir à leur propre vie, à leurs habitudes de consommation, à l’impact de celles-ci sur les pays du Sud. Et ils sont aussi prêts à s’impliquer pour que le monde de demain tourne plus juste. La solidarité a encore un bel avenir devant elle, toutes générations confondues. Même si, secrètement, les acteurs d’Action Vivre Ensemble et d’Entraide & Fraternité espèrent qu’un jour, leurs mouvements seront devenus inutiles parce qu’exclusion et injustice auront disparu…
Agnès MICHEL
- Pour écouter ces interviews dans leur intégralité, découvrez ci-dessous le podcast de notre émission radio « Près de chez vous en Hainaut », diffusée sur 1RCF :