Saint Jean-Paul II et les reliques à Tongre-Notre-Dame
Le 22 octobre 2022, les reliques de saint Jean-Paul II ont été installées solennellement à la basilique Notre-Dame de Tongre en présence de Mgr Harpigny. Adrien Dupont, archiviste de la ville d’Ath et membre du service Art, culture et Foi, a replacé l’évènement dans son contexte.
Depuis sa canonisation, le défunt pape Jean-Paul II a été érigé en patron des familles. De longue date, Karol Wojtyla s’est intéressé à la famille ; il a d’ailleurs écrit une pièce de théâtre sur le thème du sacrement du mariage : « la boutique de l’orfèvre » (1960). De plus longue date encore, le sanctuaire de Tongre-Notre-Dame accueille les familles ; des éléments de sa décoration en témoignent comme le pied de la chaire de vérité qui représente la Sainte-Famille en fuite vers l’Egypte. Au pèlerin de passage, il est proposé une méditation sur un chemin des familles. Dans la prière à Notre-Dame de Tongre, n’avons-nous pas aussi une pensée pour les familles éprouvées par la séparation, le chômage et la maladie. Marie qui nous a visités en 1081 n’est-elle pas aussi la Mère de Dieu et notre mère depuis l’heure cruciale du vendredi saint. Au pied de la Croix, en effet, Jésus fait de sa Mère, notre mère. Auprès d’une statue offerte par la Confrérie, figurant le pape entouré d’une famille, il est logique qu’une relique de saint Jean-Paul II nous rejoigne à Tongre a fortiori par l’entremise de notre recteur et curé polonais.
Tongre-Notre-Dame est un haut lieu de pèlerinage dans notre diocèse, et qui plus est sur un des chemins de Compostelle. Une des caractéristiques des lieux de pèlerinage est la présence de reliques. Comme Marie, les saints sont des intercesseurs de nos prières auprès du Fils et des modèles de vie chrétienne. Les évangiles nous rapportent à maintes reprises que l’être humain a besoin de signes, d’une présence concrète. Une relique peut être un de ces signes, un objet empreint de sacré : il n’est qu’à se rappeler cette femme hémorroïdaire pour qui il suffirait de toucher le vêtement de Jésus pour être guérie et au moment du toucher le Christ a senti une force s’échapper vers elle.
Les premières reliques
Si les premières reliques apparaissent au moment où disparaissent les témoins de Jésus vivant, des reliques christiques sortent du lot. Il n’est qu’à songer au Saint Suaire de Turin ou à celui d’Oviedo, à la Santa Casa de Lorette, ou encore, en clin d’œil au Père André, à Notre-Dame de Czestochowa où ce n’est pas tant l’icône de la Vierge qui est honorée que le bois sur lequel elle est peinte, un morceau de la table de la maison de Nazareth récupéré par saint Luc.
Une autre relique christique intéresse particulièrement notre basilique : les fragments de la Sainte Croix dont l’invention revient à sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin au IVe siècle. Rappelons-nous. A la Chandeleur 1081, la figure de Notre-Dame apparaît dans le jardin du seigneur Hector, alors aveugle. En 1090, soit trois ans avant l’instauration de la Confrérie, le roi de France, Philippe Auguste, a maille à partir avec des Flamands. Son allié est Hector qui, avant la bataille (un 24 juin, jour de la Saint-Jean-Baptiste), souhaite rendre grâce à la Mère du Christ et qui à la surprise des nobles présents, retrouve alors la vue. Ainsi, après ce miracle et une grande victoire face à leurs adversaires, Philippe Ier a émis le souhait de vénérer la Vierge à Tongre. Il y fut témoin d’un autre miracle : la meunière de Huissignies, venue assister à l’événement, est piétinée par des chevaux et en sort indemne. En remerciement, parmi d’autres marques de dévotion, le roi de France a laissé à Tongre un morceau de la Sainte-Croix. Actuellement, la première relique de la basilique repose dans un reliquaire du XVIIe s. en argent et vermeil en forme de portique avec tête d’angelot. Ce reliquaire est toujours présenté à la vénération des fidèles lors de la grande procession de septembre.
Du XVIIe au XXe siècle, d’autres reliques sont venues rejoindre la statue de Notre-Dame et le fragment de la Sainte-Croix. Au XXIe siècle, après une relique du bienheureux Charles d’Autriche, aujourd’hui, un morceau du vêtement tâché de sang lors de l’attentat contre le pape Jean-Paul II, perpétue cette longue tradition d’accueil des pèlerins en prière, en particulier ici avec Marie, notre Mère, qui nous montre la voie vers son Fils.
Adrien Dupont