Pierre Bernard: «La joie de servir»

Cette année, notre diocèse fête le 50e anniversaire des premières ordinations diaconales. Pour (re)découvrir la richesse du diaconat, nous vous proposons plusieurs témoignages. Parmi ceux-ci, celui de Pierre Bernard, diacre au service de l’UP de Lens.

diacres pierre bernard« Quelle joie de célébrer le baptême d’un petit enfant ! C’est si beau ce qui se passe entre le Seigneur et l’enfant porté par l’amour de ses parents. Cela dépasse totalement le célébrant qui prononce ces paroles inouïes : ‘Je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit’.

C’est par grâce et par miséricorde, que, comme diacre, je suis appelé à baptiser. Par grâce : à travers l’Eglise, le Seigneur me donne cette grâce de pouvoir baptiser. Par miséricorde : qui suis-je pour pouvoir baptiser ? Par miséricorde, le Seigneur accepte que moi, pécheur pardonné, je baptise en son Nom. ‘Tout est grâce.’

Ce qui est vrai pour le sacrement de baptême l’est aussi pour les autres missions diaconales que j’ai reçues. Quelles sont-elles ? Le canon 276-§2. 2° prescrit aux diacres de participer quotidiennement à l’Eucharistie et c’est une joie pour moi de la célébrer comme diacre ou d’y assister. L’Eucharistie éclaire toute la journée. Elle en est le sommet.

Dans l’Unité pastorale refondée de Lens, je participe à l’équipe d’animation pastorale (EAP) et au Conseil pastoral. Le curé-doyen, les membres laïcs et le diacre se soutiennent mutuellement pour annoncer le Christ à toutes les personnes vivant dans les entités de Lens, de Jurbise et d’Herchies. Toutes les Unités pastorales devraient pouvoir accueillir chacune au moins un diacre permanent. Soignies en a trois, c’est trinitaire. Plusieurs Unités n’en ont aucun : c’est lacunaire.

Je célèbre parfois des mariages, partageant avec le Seigneur la joie des jeunes amoureux. Je célèbre régulièrement des funérailles, éprouvant la peine des familles endeuillées. Par exemple celles de ce petit garçon de huit ans fauché par une voiture. Que de douleurs insondables…

Le diacre permanent marié est heureusement épaulé par son épouse qui le seconde et le complète dans toutes sortes de missions qui seraient, sinon, impossibles à mener : porter la communion à des personnes âgées, visiter des malades… corriger l’orthographe du texte que vous êtes en train de lire. Le sacrement de mariage imprime à la mission du diacre marié une coloration particulière. Ce n’est pas pour rien que, lors de l’ordination diaconale, l’Evêque demande avant tout l’accord de l’épouse.

Au niveau de l’Evêché, c’est aussi dans un esprit de service que j’exerce une activité diaconale.
Conseiller juridique à l’Officialité diocésaine, j’accueille des personnes qui s’interrogent sur la validité de leur mariage religieux. C’est poignant de les écouter dans le parcours sinueux de leur vie.

Responsable du point de contact du diocèse de Tournai pour les abus sexuels commis dans une relation pastorale, je travaille avec une équipe pluridisciplinaire pour écouter et accompagner les victimes. Leur témoignage bouleverse.

Dans le petit village où mon épouse et moi habitons, des chrétiens fervents et dévoués de la communauté ouvrent et ferment la porte de l’église chaque jour. Humble service de portier. Il y a quelques temps, des vandales sont entrés dans l’église ouverte et l’ont mise sens dessus dessous. Récemment aussi, lors d’une mini-tornade, la voûte du calvaire voisin de l’église s’est effondrée. ‘Si vous comprenez que votre vie, plutôt qu’un voyage en terre ferme, est une navigation parmi les tempêtes et les tornades, sur les flots mouvants du temps, ne quittez pas des yeux la lumière de l’étoile…’ (saint Bernard).

Lorsque j’ai été appelé au diaconat pour suivre le Christ, je ne savais pas où cela me mènerait. Il existe d’illustres précédents (Mc 2,14 ; Jn 21,17-19 : ‘Pierre, m’aimes-tu?… Suis-moi… [même là] où tu ne voudrais pas [aller]…’). Dans le diocèse de Tournai, c’est notamment ce qu’a vécu le Chanoine Pierre Harmignie, originaire de Mons, Curé-Doyen de Charleroi, lors des événements tragiques du 18 août 1944, commémorés par Monseigneur Guy Harpigny le 18 août dernier pour le 75e anniversaire de la tuerie de Courcelles. Mes parents, qui avaient bien connu le Chanoine Pierre Harmignie à Charleroi, me racontaient souvent le martyre qu’il avait vécu. Humblement, il a mêlé son sang au Sang du Christ.

Accueillir dans l’humilité la grâce et la miséricorde du Seigneur est la clef de la joie de servir.
Un double de cette clef m’a été fourni par un ami diacre lors de la fête de saint Bernard le 20 août dernier : ‘Regarde l’Etoile, invoque Marie’. »

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