« Ordonné diacre permanent le 9 mars 1985 par Mgr Huard à  Monceau-sur-Sambre, j’ai souvent dû expliquer comment j’en étais arrivé là . Ma réponse : un peu comme chaque baptisé, grâce à mes engagements dans l’Eglise. »
« Au Patro St Louis de Monceau-sur-Sambre, comme dirigeant, je participais tous les samedis soirs à l’étude de l’Evangile du dimanche, que Monsieur le vicaire Fernand Monniez dispensait chez lui et que nous avions mission d’expliquer aux enfants dont nous étions responsables.
Plus tard, à la Missione Cattolica Italiana (MCI) de Marchienne-au-Pont, où je participais à l’Eucharistie du dimanche, le Padre Marcello Bertinato m’a demandé si je savais lire l’italien et m’a invité à lire l’épître chaque dimanche.
A 18 ans, animateur du groupe de jeunes Penne Nere Club (PNC) de la MCI, j’ai participé à pas mal de journées de réflexion sur la foi et même à des retraites. Etudiant au Centre Universitaire de Mons (l’actuelle Université), j’ai été plongé dans l’environnement anti-clérical et ainsi appelé souvent à défendre les positions de l’Eglise devant mes condisciples et même devant certains professeurs. C’était le temps de l’encyclique Humanae Vitae… »
Trois ans au Burundi, la découverte d’un autre monde
« Puis vint la rencontre de ma future épouse et notre projet à deux : les pays en voie de développement.
Dès la fin de mes études d’économie appliquée, Franca et moi nous sommes mariés et quelques semaines plus tard nous partions en formation avec une association de volontaires italiens en vue de préparer trois ans au moins de volontariat en pays de mission. Ce fut le Burundi, dès mars 1973. Pays de souffrance qui se remettait à peine d’ « événements » qui virent la mort de 100.000 victimes, surtout des Hutus… Ce furent trois ans où nous fûmes proches des missionnaires de la brousse : églises archicombles, messes de brousse extraordinaires, engagement dans une coopérative agricole, à  Cibitoke, puis dans un centre scolaire (petit séminaire de Burasira, province de Ngozi), découverte d’un autre monde… de l’autre monde. »
Etre acteur dans l’Eglise
« Rentrés au Pays en 1975, ma femme et moi avions au cÅ“ur le désir d’être acteurs dans l’Eglise, et pas seulement ‘consommateurs de sacrements’.
Nous avons été accueillis par la Communauté de la Chapelle du Ruau, dans le quartier de la petite maison que nous occupions alors. Les activités étaient multiples dans cette communauté, pareilles à celles d’une paroisse : troupe scoute, catéchisme donné, ASBL paroissiale, fêtes paroissiales, banque alimentaire, porter la sainte Communion aux malades,…
L’appel du Seigneur se précise. La vocation de service évolue et s’affirme.
Un jour mon ami prêtre, le Père Aurèle (Abbé Michel Brachot) me donne une adresse où je pouvais rencontrer des diacres. Il me dit qu’il n’en connaissait pas plus sur le diaconat mais que sans doute cela pouvait m’aider. A Montigny-le-Tilleul, chez Georges Malherbe, responsable diocésain des diacres, première rencontre des diacres : Georges, Maurice, Ferdinand, Roger, Max, Pierre,… ce fut le déclic. »
Ordonné à 35 ans
« Huit ans de formation s’en suivirent. En effet, pour être ordonné, il fallait avoir minimum 35 ans et en tant qu’homme marié, au moins 10 ans de mariage. Ce temps fut un réel temps de découverte des diacres et de leurs engagements fort diversifiés dans l’Eglise.
A 35 ans, père de trois enfants, le quatrième suivra cinq ans plus tard, je suis enfin ordonné. Et depuis le premier jour, ce n’est que du bonheur. En famille, bien sûr, mais aussi au travail, comme cadre bancaire et aussi syndicaliste des cadres (10 ans comme président du GNC, branche cadres de la CNE/CSC) et aujourd’hui pensionné actif. »
Une foule d’engagements
« En 1994, je quitte la Communauté du Ruau et je rejoins la MCI, à Marchienne-au-Pont. Depuis lors, je participe activement à la vie de cette Communauté mais aussi au niveau décanal, dans l’UPR de Marchienne-au-Pont. Les célébrations eucharistiques, les baptêmes, les mariages, les funérailles,… l’équipe liturgique, les soirées bibliques à animer, le pèlerinage annuel à  Banneux, les Chemins de Croix en Carême, la journée des Rameaux à la Basilique Saint-Christophe de Charleroi pour les Italiens de toute la région pastorale, la commémoration annuelle au Bois du Cazier à  Marcinelle, la fête de Ste-Barbe – mon papa a été mineur -, les préparations au baptême, les préparations au mariage, l’animation de veillées funèbres, et même les temps de prière au crématorium de Gilly, font partie de ma vie de baptisé engagé.
Que du bonheur en tant que mari, en tant que papa, en tant que ‘nonno’ (papy en italien), en tant que diacre. Tout grâce à la présence discrète de mon épouse. Un soutien moral de poids. »
« Le Seigneur me comble de ses grâces »
« Tout ceci ne veut pas dire que tout va très bien partout… et que ‘tout est bien dans le meilleur des mondes’. Les difficultés sont là mais je les traverse avec l’aide du Seigneur, qui toujours m’a accompagné et qui me comble de ses grâces chaque jour.
Mon temps de vie se partage aujourd’hui entre l’activité au SAGEP (service diocésain de conseil aux fabriques d’église et aux ASBL paroissiales), l’Equipe sociale décanale, Entraide et Fraternité (comité de Charleroi), l’EAP décanale, le Conseil Pastoral Refondé, les visites ponctuelles aux isolés et aux malades,… même un certain temps un engagement politique, comme administrateur dans une société de logements sociaux. Sans oublier les activités culturelles avec mon épouse, ENEO, CSC Seniors, théâtre, voyages,…
A 70 ans accomplis, je bénéficie toujours d’une bonne santé. Cela aide évidemment. »
Et les difficultés alors ?
« Pour moi, dans la vie de tous les jours, la plus grande difficulté est celle de voir concrètement comment certains chrétiens engagés prennent le pouvoir dans des Fabriques d’église, dans des ASBL d’Å“uvres paroissiales, dans des groupes de réflexion religieuse et qu’ils semblent ne plus avoir aucun lien avec le message du Christ. Leur suffisance m’interpelle.
Le Synode diocésain prône les Groupements de fabriques d’église et une seule ASBL par paroisse refondée. Mais il est difficile d’avancer avec certains qui se croient tout permis…
Il faut à chaque fois rappeler, défendre et promouvoir les valeurs d’Evangile et redire que l’institution de l’Eucharistie par Notre Seigneur a été suivie immédiatement par le lavement des pieds. »
Jésus nous est proche
« Face à ces difficultés, je prie, bien sûr, et souvent, pour rester optimiste dans l’épreuve. La prière et l’intimité avec Jésus, l’écoute des frères en souffrance, la lecture de l’Ecriture sainte, la prière, la participation à  des conférences, à  des retraites, à  des rencontres singulières, des formations,… tant de force donnée par l’Esprit Saint pour nous soutenir fermement, pour que la route soit dégagée et que la venue du Royaume soit annoncée.
Le message que nos contemporains, sollicités par une société consumériste, attendent et que je voudrais tant partager avec ceux que je croise sur la route est celui-ci : Jésus nous est proche, il nous aime et il nous attend quand nous trébuchons.
Il est toute bonté et toute miséricorde.
Allons avec confiance vers Jésus, lui nous pardonne toujours, lui nous éclaire au jour des ténèbres, lui nous guide vers le Père. »