Le dernier atelier qui tisse en Belgique
Il existe encore dans notre pays plusieurs ateliers qui conservent ou restaurent des tapisseries. Mais seul Tournai réalise de nouvelles œuvres.
Les Ateliers tournaisiens de la tapisserie existent depuis 1982. Ils sont dirigés par Benoît Stephenne et Marie Vercauteren, et gérés par le CRECIT (Centre de Recherche, d’Essais et de Contrôles scientifiques et techniques pour l’Industrie Textile), créé en 1957 pour venir en aide aux industriels de la région.
Aujourd’hui, les Ateliers tournaisiens comptent, outre le personnel de direction et d’administration, 12 employés qui travaillent sur les œuvres et deux chimistes qui font tourner le laboratoire de teinture. La plupart des employés viennent du milieu artistique et ont ensuite suivi des formations spécifiques en tapisserie. « Nous travaillons pour des musées, pour des collectionneurs particuliers, et nous avons aussi des commandes de galeries et d’artistes, pour lesquels nous créons des tapisseries contemporaines », détaille Marie Vercauteren, la chef d’atelier.
Un gros atout à Tournai : le laboratoire interne. « La teinture se fait ici. Avant, les colorants étaient d’origine végétale et animale mais maintenant, tout est chimique, pour des raisons de stabilité et de reproductibilité. Les produits doivent être stables car les normes sont très strictes. Mais on commence à faire des recherches sur des colorants végétaux durables dans le temps. »
Il y a couleur et couleur
Le défi pour les deux chimistes, Delphine et Bruno, c’est de trouver la bonne composition pour obtenir une couleur précise. Mais encore faut-il s’entendre sur la couleur : « Selon le type d’éclairage, le lieu d’exposition, une même couleur peut donner des impressions différentes », explique Delphine. « C’est pourquoi nous demandons aux clients où et comment l’œuvre sera exposée et nous faisons des tests avec différents types d’éclairage pour que nous soyons bien d’accord. »
Le « labo » comporte plusieurs pièces. Il y a celle qui vous rappellera vos cours de chimie, avec des éprouvettes, des pipettes, des contenants en verre, des pieds et une hotte. Mais en face, différentes machines se côtoient. C’est là que la teinture s’opère. « On teint des bobines ou des échevettes, en laine ou en soie, pour l’atelier ou pour des clients externes », poursuit Delphine. « Que les appareils soient manuels ou plus modernes, il y a une montée douce en température jusque 98°, pendant un peu plus de deux heures, puis une redescente lente elle aussi, pour ne pas feutrer la laine. Il faut faire pénétrer la teinte au cœur de la fibre mais sans l’abîmer. » Après un essorage qui permettra d’éliminer un maximum de liquide, il faudra encore une étape de séchage à 50° pendant 24 heures.
Aux Ateliers tournaisiens, passion et patience sont les maîtres-mots à tous les étages.
A.M.