Dédiée à Notre-Dame, la Cathédrale de Tournai accueille également un culte aux deux saints patrons du diocèse. Plusieurs statues et objets les représentent.
Saint Piat était un martyr du 3e siècle à qui est attribué l’évangélisation de nos régions. Il a prêché le christianisme dans la ville et y fonda une petite communauté chrétienne, dont la taille est inconnue. Ses reliques furent découvertes au 7e siècle à Seclin (Nord de la France) par l’évêque de Noyon et de Tournai, saint Eloi. La tradition situe son martyre à Tournai, au carrefour de la rue saint Piat et de la rue des Jésuites. S’il est souvent représenté portant dans une main sa calotte crânienne, c’est parce qu’elle lui a été tranchée.
Si Théodore est considéré comme le premier évêque de Tournai, saint Eleuthère, son successeur, est le premier dont le nom est lié à la Cathédrale de Tournai. Né vers 456 à Tournai et – selon la tradition – sacré évêque par saint Rémi vers l’âge de trente ans, il resta à la tête du diocèse jusqu’à la date de sa mort, le 30 juin 531. Inhumée tout d’abord à Blandain auprès de sa famille, sa dépouille y fit l’objet d’un culte dès le 9e siècle. En 1064, l’évêque Baudouin ordonna la translation de ses reliques vers la Cathédrale, malgré l’opposition des habitants.
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Les statues
Sur le porche occidental, par lequel le visiteur accède à la Cathédrale depuis la place de l’Evêché, se trouvent les statues de saint Piat et de saint Eleuthère, situées de chaque côté de l’entrée principale. Le premier porte sa calotte à la main et le second sa Cathédrale.
Sur le jubé qui sépare le choeur du transept sont représentés Notre-Dame, patronne de la Cathédrale, entourée de saint Piat et saint Eleuthère. Le premier tient sa calotte dans ses mains, symbole de son martyre, tandis que le second tient une maquette de la Cathédrale. Sculpté à la Renaissance et oeuvre de Corneille de Vriendt, d’Anvers, il est fait d’albâtre et de marbre.
Une statue de saint Piat est également présente dans la chapelle du Saint-Sacrement. Il s’agit d’une oeuvre en pierre blanche polychromée datant du 19e siècle.
La porte Mantille de la Cathédrale, qui donne sur l’actuelle place Paul-Emile Janson, porte un nom lié à la légende de saint Eleuthère. Celui-ci aurait en effet guéri à cet endroit un aveugle portant le nom de Mantilius.
Les vitraux
En levant les yeux vers les croisillons du transept, à la hauteur de la tribune, deux vitraux se dévoilent. A droite, du côté de la place Paul-Emile Janson, se trouve saint Eleuthère tandis que saint Piat lui fait face. Il s’agit de vitraux réalisés par Jean-Baptiste Capronnier, célèbre vitrailliste du 19e siècle qui est également à l’origine de la rosace.
Les deux saints sont également représentés sur d’autres vitraux, notamment dans les verrières hautes du choeur, parmi les saints de notre diocèse.
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| Saint Piat – Transept Nord (c) R. Opsomer. 2020. |
Saint Eleuthère- Transept Sud (c) R. Opsomer. 2020. |
La châsse de saint Eleuthère
Au 13e siècle, pour marquer l’achèvement du choeur gothique, l’évêque Walter de Marvis décida de réunir ses reliques dans une châsse-reliquaire, sur le modèle de la châsse Notre-Dame.
Cette châsse est surmontée d’un toit à deux versants. A l’un des pignons se trouve une représentation du saint, portant d’une main la crosse épiscopale et de l’autre sa Cathédrale. Sur l’autre se trouve le Christ de la Résurrection. De chaque côté sont représentés quatre apôtres. Les trois autres sont placés dans trois des compartiments qui se trouvent sur les versants. L’observateur peut aussi y découvrir saint Jean-Baptiste, l’archange Gabriel et la Vierge formant la scène de l’Annonciation et la Synagogue aux yeux bandés.
Chaque année, la châsse de saint Eleuthère est portée par les habitants du village de Blandain lors de la grande procession de septembre.
Bras-reliquaire
Offert à la Cathédrale lors du 8e centenaire de la grande procession, en 1892, ce bras-reliquaire de saint Eleuthère est exposé au Trésor de la Cathédrale. OEuvre de l’orfèvre François Mondo de Kain, elle est en argent et haute de 57 cm.
Lors de la grande procession, elle est traditionnellement portée par un prêtre originaire de Tournai, comme le chanoine Jean Dumoulin qui a eu cet honneur pendant de nombreuses années.
La tenture
La vie des deux saints est représentée sur les tapisseries de cette célèbre tenture. Les Amis de la Cathédrale, qui ont publié un travail du chanoine Pierre-Louis Navez à son sujet, la présentent ainsi : « Considérée comme la plus ancienne tapisserie de choeur conservée en Europe, elle a orné pendant des siècles et jusqu’en 1742 les stalles des chanoines avant d’être reléguée dans les sacristies.
Une des tapisseries composant la tenture
Tissée à Arras, offerte à la Cathédrale par le chanoine Toussaint Prier, chapelain de Philippe le Bon, duc de Bourgogne et comte de Flandre, classée comme patrimoine de la Fédération Wallonie-Bruxelles, elle a fait l’objet de nombreuses études relatives à son histoire, sa technique de tissage et son iconographie. »
Sur cette tenture, saint Piat est représenté en train de prêcher à Tournai tandis que dans une autre scène saint Eleuthère ressuscite la fille du tribun.
Sources :
DELFORGE Thomas-Jean, Les saints populaires de Wallonie, coll. Wallonie, Art et Histoire, éd. CACEF-Duculot, Namur-Gembloux, 1977
DUMOULIN Jean et PYCKE Jacques, La Cathédrale Notre-Dame de Tournai hier et aujourd’hui, éd. Casterman, Tournai, 1985
DUMOULIN Jean et PYCKE Jacques, La Cathédrale Notre-Dame de Tournai. Guide du visiteur, coll. Tournai – Art et Histoire, n° 10, éd. Fabrique de l’église Cathédrale de Tournai, Tournai-Louvain-la-Neuve, 1994
NAVEZ Pierre-Louis, La tenture des saints Piat et Eleuthère de la Cathédrale de Tournai, éd. Les Amis de la Cathédrale ASBL, 2014
WARICHEZ J., La Cathédrale de Tournai et son chapitre, imp. De Meester (Wetteren), Tournai, 1934
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Marie Lebailly
