L’Assomption, entre dogme et tradition
Fêtée avec ferveur par les chrétiens chaque 15 août, l’Assomption de la Vierge Marie n’est pourtant devenue un dogme que récemment pour l’Église d’Occident.
La fête de l’Assomption célèbre la montée au ciel de la Vierge Marie, mère du Christ. Le mot « Assomption » vient du verbe latin assumere, qui signifie « assumer, enlever ». A la différence de l’Ascension, l’Assomption est un acte qui vient de Dieu : Marie ne s’élève pas d’elle-même vers le Ciel à la fin de sa vie terrestre. Elle a été « assumée » corps et âme par le Père sans attendre la résurrection finale.
Une tradition venue de l’Orient
Les sources écrites sur la fin de la vie de Marie sont presque inexistantes. Aucun des Evangiles n’en fait mention, ni non plus les Actes des Apôtres. Seul « La Dormition de Marie », un texte apocryphe du Ve siècle, évoque ses derniers jours. Il y est dit que la Vierge s’est endormie paisiblement, entourée par les Apôtres, et que le Christ l’a ensuite emmenée, corps et âme, au paradis.
Les premiers chrétiens ont cependant très tôt honoré la Mère du Christ. Les premières traces d’une fête liturgique en son honneur remontent au IIIe siècle, dans des communautés de Jérusalem. La fête de la Dormition est célébrée dès le VIe siècle par les Chrétiens d’Orient. D’abord fêtée vers la mi-janvier, elle sera ensuite fixée au 15 août par l’empereur romain d’Orient Maurice (582-602). Cette date correspondrait à la date de consécration d’une église à Gethsémani, lieu présumé de la fin de la vie terrestre de la Vierge.
A partir du VIIe siècle, cette fête se diffuse en Occident et est imposée en 813 par le Concile de Mayence à l’ensemble de l’Empire franc. Le nom d’Assomption lui sera donné par la suite. Peu à peu, la fête orthodoxe et la fête catholique vont différer : là où l’Eglise orthodoxe souligne que la mort de Marie fut douce, qu’elle la vécut sans crainte, le dogme de l’Eglise catholique n’y fait pas allusion. Marie s’est élevée « à la fin de sa vie terrestre » et non au moment de sa mort.
Un dogme tardif
Pendant des siècles, l’Assomption est célébrée par l’Eglise Catholique sans pourtant être élevée au rang de dogme. Une procession nocturne accompagnait les célébrations, mais le Pape Pie V a supprimé cette tradition en 1566 en raison des exactions qui l’entouraient. Elle a longtemps été précédée par une période de jeûne.
Ce n’est qu’au XIXe siècle que le culte marial prit des proportions importantes. La théologie mariale va en conséquence s’accélérer et le premier dogme marial, celui de l’Immaculée Conception, sera proclamé par Pie IX en 1854. Le 1er novembre 1950, Pie XII proclame le dogme de l’Assomption dans la constitution apostolique Munificentissimus Deus. Il s’agit à ce jour du dernier dogme solennellement proclamé dans l’histoire de l’Eglise Catholique. L’Eglise orthodoxe n’a cependant pas suivi l’Eglise catholique sur ce point : ils n’ont entériné ni le dogme de l’Immaculée Conception ni celui de l’Assomption. Quant aux protestants, même s’ils sont attachés à la figure de Marie comme mère du Christ, ils rejettent les dogmes mariaux, dont celui de l’Assomption.
Aujourd’hui, l’Assomption est fêtée aux quatre coins du monde, et plus fortement encore dans les sanctuaires mariaux. De grandes réjouissances l’accompagnent : sanctuaires fleuris, processions, pèlerinages, grand-messes,… Des fêtes plus profanes sont souvent organisées en même temps, comme des fêtes de villages ou de famille.
L’Assomption, une espérance
La montée au ciel, corps et âme, de Marie entretient pour les chrétiens l’espérance de la résurrection. Par cet événement, la victoire du Christ sur la mort est confirmée. Elle est la première à être sauvée, à monter au Ciel à sa suite. Elle montre ainsi le chemin aux croyants.
Au terme du Grand Jubilé de l’année 2000, le pape Jean-Paul II écrit dans sa lettre apostolique Novo Millennio Ineunte : « La Vierge sainte nous accompagne sur le chemin… Bien des fois, au cours des années passées, je l’ai présentée et invoquée comme « l’Étoile de la nouvelle évangélisation ». Je la présente encore comme aurore lumineuse et guide sûr pour notre chemin ».
Sources :
- Site de l’Eglise Catholique en France – https://eglise.catholique.fr
- Site de « Croire.com » – https://croire.la-croix.com/
- Missel des Dimanches 2019, éditions du Cerf, Paris, 2019
- Féry Robert, Jours de fêtes. Histoire des célébrations chrétiennes, Editions du Seuil, 2008
- Mimouni Simon Claude, Dormition et Assomption de la Vierge. Histoire des traditions anciennes, Ed. Beauchesne, coll. Théologie historique, n°98, Paris, 1996