KTO donne un coup de projecteur sur le diocèse de Tournai
Mgr Guy Harpigny était l’invité de l’émission « La Vie des diocèses ». L’enregistrement s’est déroulé dans les studios de la chaîne catholique française à Paris.
Jeudi 7 octobre 2021, 15h. Le trafic est au ralenti sur le périphérique parisien, seules les motos parviennent à circuler plus rapidement en zigzaguant avec témérité entre les voitures. A 16h, Mgr Harpigny rejoint enfin les studios de la rue du 19 mars 1962, à Malakoff, au sud de la capitale française. Séance de maquillage pendant que les techniciens modifient l’aménagement du studio pour l’émission « La Vie des diocèses ». L’enregistrement aurait dû se faire le lundi 27 septembre, mais Mgr Harpigny a postposé le rendez-vous pour assister aux funérailles de Mgr Jousten, évêque émérite de Liège.
Tout le monde se prépare en régie. Les reportages réalisés quelques semaines plus tôt à Mons et à Tournai sont prêts, les cadrages sont affinés, derniers réglages pendant que notre évêque se fait briefer par le présentateur, Pierre Schmidt. L’émission va être enregistrée d’une traite, dans les conditions d’un direct, même si la diffusion n’aura lieu que quelques jours plus tard.
Covid, pauvreté, solidarité
Cela fait un peu plus de trois ans que Mgr Guy Harpigny n’avait plus pris part à l’émission « La Vie des diocèses », qui régulièrement sort de l’Hexagone pour évoquer ce qui se vit aussi en Belgique, en Suisse et parfois beaucoup plus loin. L’invitation avait été lancée il y a longtemps déjà, mais la pandémie rendant le passage de la frontière compliqué voire impossible pendant des mois, le rendez-vous a été remis. Cette fois, le 100e évêque de Tournai a pu se rendre dans les studios de KTO, établis au sud de Paris depuis 2015.
Bien sûr, le présentateur a évoqué le Covid et son impact, aujourd’hui encore, sur la présence aux assemblées dominicales. « Les personnes âgées ont parfois encore des craintes », reconnaît Mgr Harpigny. « Par contre les mariages, les baptêmes ou les confirmations reprennent en nombre. » Le Covid qui a aussi accentué les difficultés de familles déjà précarisées. Comme l’illustre le reportage consacré au Foyer Saint-Augustin, à Mons, un lieu qui a été très actif pendant la crise sanitaire. Une trentaine de bénévoles s’y activent pour approvisionner familles ou SDF, pour créer du lien. Mgr Harpigny insiste sur le rôle de l’Eglise dans la lutte contre cette pauvreté croissante : « Il faut rappeler l’importance de la solidarité, on ne s’en sort pas seul ».
Oser témoigner
Le journaliste Pierre Schmidt revient aussi sur le projet de logements intergénérationnels mené dans l’UP Bon Berger Ath. « Si on a un bien, il ne faut pas forcément se demander comment le rendre rentable, en tirer de l’argent pour faire autre chose, mais on peut regarder les besoins locaux et l’utiliser pour les plus démunis », souligne Mgr Harpigny.
Bien sûr, impossible de parler du diocèse de Tournai sans rappeler le fabuleux double anniversaire de la Cathédrale (20 ans d’inscription au patrimoine de l’Unesco et 850 ans de la dédicace à Notre-Dame), faire le point sur les travaux de restauration et la place jouée par l’édifice dans la vie de tous, que l’on soit croyant ou pas.
« Quelle est selon vous la crise, la transformation la plus importante traversée par l’Eglise et plus spécialement par le diocèse de Tournai ? » Plutôt que de pointer un obstacle ou l’autre, Mgr Harpigny préfère nous inciter à opter pour une attitude positive : « Il ne faut pas se lamenter, sur la sécularisation ou autre chose. Nous devons être signes de quelque chose qui nous dépasse, oser témoigner de sa foi, librement mais sans l’imposer. C’est ainsi que l’on traverse les difficultés et qu’on trouve un nouveau chemin. »
Travail de prévention
On le sait, la Commission indépendante sur les abus sexuels en France a publié le 5 octobre dernier un rapport de près de 500 pages, résultat de trois ans d’enquête mettant au centre l’écoute des victimes. Les conclusions accablantes concernant les faits observés ces 70 dernières années secouent la France. Qu’en pense notre évêque ? Mgr Harpigny choisit de revenir sur la situation belge : « Il faut continuer ce travail, regarder les choses en face, indemniser les victimes. Cela ne réparera pas, mais on doit faire quelque chose. Et surtout accroître la prévention, mettre en place des procédures pour agir rapidement. Il reste encore beaucoup de travail à faire… »
L’émission touche à sa fin. Il reste quelques minutes pour laisser la place à des questions posées à l’évêque par des personnes croisées à Tournai. Quand on lui demande le plus beau souvenir qu’il garde de toutes ces années passées à la tête du diocèse de Tournai, Mgr Harpigny n’hésite pas : « C’est le synode diocésain ! Des changements ont eu lieu, et à la fin du synode, on le voyait sur le visage des gens. »
Agnès MICHEL