Tournai : des murs pas si infranchissables

Après quelques années de sommeil, le groupe inter-convictionnel tournaisien se relance avec une conférence sur « Le sens de la vie en question ». Un groupe qui croit dur comme fer au dialogue, à l’écoute mutuelle et qui veut enjamber les murs qui parfois nous séparent.

Au début, il y eut une intuition. Celle de construire du sens, ensemble, au-delà des religions, des confessions, des convictions. C’était en 2004-2005, et le groupe a commencé avec une représentante de la laïcité, un prêtre et un pasteur. Puis se sont ajoutés un représentant de la communauté musulmane et un responsable de la communauté orthodoxe. Dans les années qui ont suivi, des conférences publiques sur des thèmes de société ont été organisées, toujours avec ces regards croisés.

On s’en doute, le dialogue inter-convictionnel, ce n’est pas toujours facile. Pendant une dizaine d’années, le groupe s’est un peu essoufflé et s’est mis en standby. Quand il s’est senti prêt à redémarrer, c’est le covid qui s’en est mêlé. Mais les réunions ont repris, les membres ont cosigné une lettre ouverte intitulée « Vivre et faire vivre d’idées, plutôt que de morts programmées » et une première conférence publique se déroulera le 25 novembre 2021, à l’Hôtel de ville de Tournai.

affiche 25 11 2021 BAT page 001Entre gens de bonne volonté

« C’est important d’entendre le discours des autres, d’arrêter de penser qu’il y a des murs infranchissables entre nous », lance Corinne Poncin, ancienne avocate et représentante de la laïcité. « Les sujets des conférences que nous avons organisées dans le passé concernaient la société en général, ce sont des problèmes de tous les jours, sur lesquels on peut avoir des regards différents. Et quand on est entre gens de bonne volonté, on se rencontre, on partage. »

En-dehors des conférences, le groupe a un projet encore très embryonnaire dans ses cartons : « Nous aimerions aller rencontrer les différentes communautés sur le terrain », explique l’abbé Michel Decarpentrie, le doyen de Tournai. « Mais aussi aller dans les écoles, parler dans les classes, avec les professeurs de citoyenneté. » « C’est une façon d’éduquer à la tolérance, de donner le goût de l’idée de l’autre, le respect de l’autre », insiste Ciprian Popescu, qui représente l’Église orthodoxe. « C’est un devoir, pour les chefs de culte… »

Mais comment parvenir à dialoguer sincèrement entre croyants et athées, catholiques et musulmans, protestants et orthodoxes ? « Dans nos partages, on laisse la place au doute, et cela prête à réflexion », estime Corinne Poncin. « Construire ensemble, ce n’est pas juste dire ses positions. Le dialogue est l’avenir de nos sociétés, pour ne pas rester enfermé chacun chez soi… »

Agnès MICHEL

* À noter que le groupe a cherché une représentation de la communauté juive mais n’en a pas trouvé sur la région de Tournai.

  • « Le sens de la vie en question », jeudi 25 novembre 2021 à 19h au salon de la Reine de l’Hôtel de ville de Tournai (rue Saint-Martin). Trois intervenants : Corinne Poncin (avocate honoraire), Stanislas Deprez (chargé de cours à l’UC Louvain) et Yacob Mahi (imam, théologien et islamologue). Rencontre ouverte à toutes et tous.
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