850 ans de la Dédicace de la Cathédrale

850 ans de la Dédicace de la Cathédrale

Le dimanche 22 mai 2022 à 15h.

Nous avons déjà célébré le 850e anniversaire de la Dédicace de la Cathédrale de Tournai le 9 mai 2021. Les mesures sanitaires nous avaient autorisés à accueillir quinze personnes à l’intérieur et cinquante à l’extérieur de la Cathédrale.

Comme les mesures sanitaires ont été considérablement modifiées, une nouvelle célébration, plus solennelle, est programmée le dimanche 22 mai 2022 à 15h.

Sur le conseil de la Nonciature Apostolique à Bruxelles, j’ai demandé au Pape François de nommer un Légat pontifical pour présider les célébrations. Le Pape a choisi le Cardinal Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles et primat de Belgique. Le Légat sera accompagné du Chanoine Olivier Fröhlich, vicaire général, et du Père Étienne Ntale, des Clercs réguliers de Saint-Paul (Barnabites), provincial des Barnabites de Belgique francophone et d’Espagne.

Le Nonce Apostolique, le Conseiller de la Nonciature et quelques évêques voisins, ou leurs représentants, sont invités. Et, évidemment, tout le peuple de Dieu qui est en Hainaut.

Le lieu où la Cathédrale est édifiée

Si on fait mémoire des 851 ans de la Dédicace de la Cathédrale, c’est bien parce que l’édifice actuel a été consacré en 1171 et que cette date est entrée dans la tradition. Cependant, l’édifice actuel n’est pas, chronologiquement, le premier lieu de culte de l’évêque de Tournai. En fait, nous pouvons, avec davantage de certitude historique, mieux appréhender l’antiquité du lieu sur lequel l’édifice actuel est posé.

Tournai sous le Haut-Empire romain (27 avant notre ère – 192 de notre ère)

L’agglomération gallo-romaine de Tournai est importante dès la période du Haut-Empire et s’étend sur les deux rives de l’Escaut. Un groupe humain était déjà sur les lieux à l’époque celtique. Au cours du Ier siècle de notre ère, l’agglomération comprend des bâtiments légers. Au IIe siècle, la petite ville possède un quadrillage urbain. La construction d’un pont sur l’Escaut détermine le point de rencontre obligé de quelques voies romaines qui vont transiter par Tournai ou desservir la ville : la route reliant Cassel à Bavay, qui passe par Tornaco ; un itinéraire de Thérouanne à Tournai, par Arras, et une autre route joignant Cassel à Estaires (aujourd’hui dans la commune de Béthune).

Tournai sous le Bas-Empire romain (192-476)

La ville de Tournai est promue au rang de capitale des Ménapiens ; elle est dotée d’un castrum (un camp militaire).

Depuis quand y a-t-il des chrétiens à Tournai ?

Une légende parle de la prédication de saint Piat à Tournai dès la fin du IIIe siècle. Il n’y a pas de sources écrites pour vérifier cette légende. Les plus anciens témoignages sont archéologiques : une basilique chrétienne a été retrouvée lors des fouilles de la Cathédrale actuelle, dont l’aménagement dans une domus urbaine remonte à la seconde moitié du Ve siècle. Par ailleurs, un petit édifice religieux a été mis au jour sous l’église Saint-Piat, qui abritait une femme inhumée vers 500.

Depuis quand y a-t-il des évêques à Tournai ?

Les premières attestations d’évêques dans le nord de la province de Belgique seconde – à laquelle appartenait Tournai – remontent au milieu du IVe siècle. Une mission a été envoyée par l’évêque Victrice de Rouen chez les Morins (tribu déjà mentionnée par Jules César) dans les dernières décennies du IVe siècle ; Jérôme (347-420), traducteur de la Bible en latin en Palestine, évoque la cité de Tournai à propos de l’invasion de 407.

Rien dans les sources écrites ne s’oppose à la présence d’une communauté chrétienne à Tournai avant le milieu du Ve siècle, à l’époque où les Francs s’y installent comme fédérés de l’Empire romain, par conséquent bien avant le baptême de Clovis au tournant des Ve et VIe siècles.

La première attestation d’un évêque à Tournai est du milieu du VIe siècle. Il s’agit d’Agrescius, représenté au concile d’Orléans de 549 par son diacre Vitalis, et présent en personne au concile de Paris de 552.

Grégoire de Tours (538/539-594) parle d’un évêque qui assiste à Tournai en 577 au baptême de Samson, fils du roi Chilpéric Ier (525/534-584). Dans la Vie de saint Colomban, écrite vers 642, Jonas de Bobbio (600-659) mentionne, parmi les disciples de l’Irlandais devenus évêques, Achaire, évêque de Vermand, Noyon et Tournai. À cette époque, par conséquent, on a déjà un évêque unique pour les deux diocèses de Tournai et de Noyon. Cette union va perdurer jusqu’en 1146.

Achaire signe les actes du concile de Clichy de 626/627 et joue un rôle de premier plan auprès du roi Dagobert Ier (602/605-638/639). Le successeur d’Achaire, Éloi, évêque de Noyon et de Tournai, signe les actes du concile de Chalon, vers 647-653.

Le témoignage de la Vie en prose de saint Médard (mort avant 561), évêque de Noyon, composée au début du VIIe siècle, parle d’un évêque nommé Éleuthère, qui pourrait avoir été prédécesseur d’Agrescius.

Une basilique paléochrétienne régulièrement transformée

Indépendamment de la vérité historique de ces récits hagiographiques, il est bien attesté qu’il y a eu des évêques à Tournai durant le VIe siècle, qui sont intervenus pour transformer la basilique paléochrétienne du Ve siècle. Comme il y avait une basilique au Ve siècle, certains historiens estiment qu’il devait déjà y avoir des évêques à Tournai à ce moment-là.

Les évêques de la seconde moitié du VIIe siècle sont présents, outre à Noyon, dans le diocèse de Tournai, comme le suggèrent la Vie de saint Éloi (641-660) et la Vie de Mommelin (661-vers 675). La ville de Tournai a une organisation ecclésiastique stable et, peut-être, un embryon de Chapitre, dirigé par Balderedus au temps de saint Éloi.

Le VIIIe siècle connaît seulement quelques noms d’évêques dont trois sont attestés : Heleseus, destinataire d’une lettre du pape Zacharie en 748 ; Arhalfridus et Gislebert, celui-ci étant également abbé d’Elnone (782). Elnone sur la Scarpe, qui deviendra Saint-Amand-les-Eaux, est l’abbaye où saint Amand (584-679), évêque de Maastricht, a été inhumé. On peut penser que Gislebert, bénéficiant d’une abbaye, ait pu travailler à la réfection de l’état mérovingien de la Cathédrale.

Le IXe siècle a une riche documentation. L’empereur Louis le Pieux (778-840), quatrième fils de Charlemagne, donne en 817 un diplôme qui signale que l’évêque Wendilmarus (814-817) envisage d’agrandir le lieu où les chanoines doivent résider. Le concile d’Aix-la-Chapelle de 816 stipule, en effet, que les chanoines des cathédrales doivent vivre en communauté. L’évêque a, à cette époque, autorité sur le Chapitre, qui n’a pas encore de personnalité morale et juridique.

En 855, Charles II le Chauve (823-877), petit-fils de Charlemagne, donne le diplôme qui est l’acte de naissance du Chapitre. Dans cet acte, on mentionne pour la première fois la dédicace de la Cathédrale Sainte-Marie. Grâce au Chapitre de Tournai, autonome vis-à-vis de l’évêque, le « diocèse » de Tournai a une signification propre distincte de celle de Noyon.

Durant la période carolingienne, IXe siècle, l’église Saint-Étienne, située dans le temps après l’église Sainte-Marie, est détruite sous le pontificat de l’évêque Heidilon (880-902).

Au Xe siècle, la documentation est fragmentaire. On sait cependant que les évêques de Tournai suivent de près les établissements cultuels du diocèse : Saint-Amand, Saint-Pierre et Saint-Bavon à Gand, Phalempin, Harelbeke, Saint-Pierre de Lille. Ces évêques apparaissent aux côtés des souverains capétiens, des archevêques de Reims et des comtes de Flandre pour présider des cérémonies d’élévation ou de translation de reliques.

Apparaissent également de nouveaux lieux de culte à Tournai : Saint-Pierre, Saint-Quentin, Saint-Brice au XIe siècle. Saint-Martin a des origines encore peu claires. Au tournant des Xe et XIe siècles, la Cathédrale est l’objet de grands travaux.

La Cathédrale est victime d’un incendie en 1054 lors du sac de la ville par l’empereur Henri III (1017-1056). La restauration de la Cathédrale est suivie d’une consécration en 1066. C’est durant cette période que les évêques Baudouin (1044/1045-1068) et Radbod II (1068-1098) sont inhumés dans la Cathédrale.

Une première synthèse des fouilles de la Cathédrale permet de discerner les étapes de la construction

• Une basilique paléochrétienne, adossée à un grand édifice du Bas-Empire, qui occupe à la fin du IVe ou au début du Ve siècle l’espace aujourd’hui matérialisé par les premières travées de la nef centrale et du pré-transept roman de la Cathédrale actuelle
• Une seconde basilique paléochrétienne développe un plan à une nef ; elle se place à la fin du Ve ou au début du VIe siècle. Elle aurait connu l’évêque Agrescius
• Une nouvelle ecclesia à trois nefs, basilique mérovingienne, d’une longueur de 42 m pour une largeur de 21 m. La datation est peu précise : fin du VIe ou au début du VIIe siècle
• Une nouvelle église est bâtie sur le site à la période carolingienne avant 817. L’édifice est réaménagé entre 817 et 855. Cela fait « deux » églises carolingiennes successives. On y trouve un baptistère qui est, à l’époque, intégré à l’église principale
• La cathédrale de l’An Mil remplace l’édifice carolingien dans la première moitié du XIe siècle. Elle a 50 m de long et plus de 20 m de largeur
• Le pape Eugène III (1145-1153) sépare les diocèses de Noyon et de Tournai en 1146 : il y aura désormais deux évêques distincts pour deux diocèses distincts
• Le chantier de la cathédrale romane débute au début du XIIe siècle. La consécration de l’édifice – nef romane et transept – a lieu le 9 mai 1171 par l’archevêque de Reims, Henri de France. Celui-ci est le troisième fils du roi de France Louis VI, né en 1121 ; évêque de Beauvais (1149-1162) ; archevêque de Reims (1162-1175). L’évêque de Tournai est Gautier (Walter) (1167-1172)
• Le choeur gothique est du XIIIe siècle

Dimensions de la Cathédrale actuelle : nef romane, transept, choeur gothique

• Longueur totale : 134 m (comme les cathédrales de Spire sur le Rhin et de Salisbury en Angleterre ; Paris fait 127 m)
• Longueur du choeur : 58 m (Paris, 38 m)
• Transept : 67 m (Paris, 48 m)
• Nef : 48 m
• Hauteur des tours : 83 m (Paris, 69 m)

Pour une analyse bien documentée, voir BRULET Raymond (Sous la direction de), La cathédrale Notre-Dame de Tournai, L’archéologie du site et des monuments anciens, Service public de Wallonie, Centre de recherches d’archéologie nationale (UCL), Etudes et documents, Archéologie, 27, 28, 29, Namur, 2012, 3 volumes, 431 pages ; 272 pages ; 263 pages

Et aussi : Raymond BRULET, avec la collaboration de Michèle GAILLARD, Michel HENNEBERT et Jacques PYCKE, La cathédrale de Tournai à choeur ouvert, Institut du Patrimoine wallon (IPW), Namur, 2014, 65 pages

Michel-Amand JACQUES, Monique MAILLARD-LUYPAERT et Florian MARIAGE, Le patrimoine de Tournai (Collection Carnets du patrimoine, 95), Institut du Patrimoine Wallon, Namur, 2012, 65 pages

Florian MARIAGE, Cathédrale Notre Dame de Tournai (collection Un autre regard Wallonie Picarde), Tournai, sans date (après 2013), 50 pages

Le territoire du diocèse de Tournai a évolué en plusieurs étapes

Jusqu’en 1146, l’évêque de Tournai était le même pour le diocèse de Noyon et celui de Tournai. Le territoire de Tournai s’étendait de la rive gauche de l’Escaut jusqu’à la Mer du Nord. Tournai était « suffragant » de l’archidiocèse de Reims. Les diocèses voisins de celui de Tournai étaient le diocèse de Thérouanne, le diocèse d’Arras et l’archidiocèse de Cambrai. Tournai est la capitale religieuse du comté de Flandre.

L’archidiocèse de Cambrai comprend le comté de Hainaut et le duché de Brabant. En 1331, le diocèse de Tournai compte trois archidiaconés : Tournai (Tournai, Helchin, Courtrai, Lille Seclin) ; Bruges (Bruges, Oudenburg, Aardenburg) ; Gand (Gand, Roulers, Audenarde, Waes).

En 1559, le roi Philippe II d’Espagne, qui a autorité sur les Pays-Bas espagnols (dont la future Belgique), demande au Pape Paul IV d’ériger de nouveaux diocèses. Le territoire du diocèse de Tournai est amputé des nouveaux diocèses de Gand et de Bruges. Il devient suffragant de l’archidiocèse de Cambrai.

Les guerres nombreuses menées par la France pour conquérir les Pays-Bas espagnols aboutissent en 1667 par la prise de Lille. Le territoire du diocèse de Tournai est, une nouvelle fois, amputé.

En 1801, le Concordat entre le pape Pie VII et Napoléon Bonaparte fait correspondre le diocèse de Tournai au département « français » de Jemmapes (aujourd’hui Jemappes) qui, en 1815, devient la province de Hainaut. Le diocèse de Tournai est suffragant de l’archidiocèse de Malines.

Le diocèse de Tournai est donc passé d’un territoire de la rive gauche de l’Escaut à un nouveau territoire qui s’étend surtout sur la rive droite de l’Escaut, territoire qui faisait partie de l’archidiocèse de Cambrai. Même dans la ville de Tournai, avant 1801, la rive gauche faisait partie du diocèse de Tournai, alors que la rive droite avait l’archevêque de Cambrai comme pasteur.

Avec les lois linguistiques des années 1960, le doyenné de Mouscron-Comines (du diocèse de Bruges) a été transféré au diocèse de Tournai en 1967.

Actuellement, le territoire de la Belgique comprend huit diocèses : Malines-Bruxelles, Bruges, Gand, Anvers, Hasselt, Liège, Namur, Tournai ainsi que le diocèse aux Forces Armées, dont l’archevêque est le pasteur.

Célébrer l’anniversaire de la Dédicace de la Cathédrale de Tournai, c’est aussi suivre l’évolution de l’évangélisation de nos régions depuis le Haut Empire romain jusqu’aujourd’hui.

Le Chapitre cathédral

En raison de l’importance de la ville de Tournai, depuis le Haut-Empire, la Cathédrale a accompagné les fonctions, civiles et religieuses, du Chapitre des Chanoines. Des études approfondies, des thèses ont été menées pour découvrir le rôle très important de ce groupe de prêtres qui avait une grande autorité.

Les célébrations à la Cathédrale, chaque jour de la semaine ; le service culturel de l’Église ; l’accueil des pauvres ; l’animation spirituelle et matérielle des pèlerins ; les processions dans la ville ; les contacts parfois difficiles avec les pouvoirs publics ; la recherche d’un équilibre entre les prérogatives de l’évêque et celles du Chapitre ; voilà un aperçu des multiples tâches du Chapitre.

La Fabrique d’Église-Cathédrale

Depuis la Révolution Française et la promulgation du Code de Droit canonique de 1983, les prérogatives du Chapitre ont été progressivement dévolues à la Fabrique de l’Église-Cathédrale.

Nous avons aujourd’hui des « traces » de la vie du Chapitre, reprises par la Fabrique, dans deux secteurs que peu de personnes connaissent.

D’abord, le Trésor de la Cathédrale qui compte une quantité d’oeuvres très riches, que ce soit des « objets liturgiques », des « reliquaires », des vêtements liturgiques. On compte habituellement huit cents ornements liturgiques dans le Trésor de la Cathédrale. Les châsses de Notre-Dame et de Saint-Éleuthère, respectivement datées de 1205 et de 1247, sont connues du monde entier. Les conservateurs du Trésor, dont le chanoine Pierre-Louis Navez et Madame Florence Renson, font, dans les méandres de la restauration de l’édifice, des efforts considérables pour les mettre en lumière.

Le second secteur concerne les Archives de la Cathédrale, qui contiennent des manuscrits, des bulles papales, des documents officiels qui remontent à l’An Mil. Des chercheurs du monde entier viennent y préparer leur thème de recherche. Des hommes et des femmes de science y ont travaillé d’arrache-pied. Durant les dernières décennies, le chanoine Jean Dumoulin et le professeur Jacques Pycke ont publié quantité d’ouvrages de grande valeur scientifique.

Voir : Pierre-Louis NAVEZ (conservateur) et Jacques PYCKE (archiviste), Découvrir la cathédrale de Tournai, Les Amis de la Cathédrale de Tournai, Tournai, 2e édition, 2010, 52 pages

Patrimoine mondial de l’UNESCO (2000)

Depuis la tornade qui s’est abattue sur la Cathédrale en 1999, elle est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, le 30 novembre 2000. Un plan de restauration de l’édifice est sur les rails. Les responsables politiques espèrent que ce plan sera accompli en 2047.

Cathédrale, basilique, collégiale

La Cathédrale est l’église de l’évêque qui y a son « siège », appelé cathèdre. Ce n’est donc pas une basilique, dont le titre est accordé par Rome, ni une collégiale, qui porte ce nom en raison de la présence (dans le passé) d’un collège de chanoines ou de chanoinesses.

Le diocèse de Tournai a trois basiliques : Notre-Dame de Bon-Secours (1910), Notre-Dame de Tongre (1951) et Notre-Dame de Bonne-Espérance (1957). Les collégiales dans le diocèse de Tournai sont à Leuze-en-Hainaut (Saint-Pierre), Mons (Sainte-Waudru), Soignies (Saint-Vincent), Lobbes (Saint-Ursmer), Binche (Saint-Ursmer), Chimay (Saints-Pierre-et-Paul).

Comme c’est grand !

Lorsque des catéchumènes, des confirmands adolescents ou adultes entrent pour la première fois dans la Cathédrale, leur réaction est toujours : Comme c’est grand ! Ils n’imaginent pas qu’il puisse exister des bâtiments aussi spacieux pour vivre la liturgie. Des accompagnateurs sont nécessaires pour guider, faire voir et « trouver sa place ». Tout le monde est un peu timide. On ne sait pas où il faut se mettre. Une fois que la célébration a commencé on se sent plus à l’aise.

Cette impression est encore plus forte quand on participe à une liturgie « dans le noir », une veillée. Ici les jeux de lumière (il y en a au moins neuf dans la nef romane), les différents lieux de proclamation de la Parole, les processions, les chants vous baignent dans une ambiance unique.

À certains jours, la maîtrise de la Cathédrale, connue déjà en l’An Mil, nous entraîne dans des parcours qui remontent très loin dans le temps comme dans des oeuvres récentes.

À chaque célébration, l’orgue construit par Pierre-Alexandre Ducroquet (1854) fait vivre quelques-uns des quarante jeux répartis sur trois claviers et pédalier.

Liturgie

Pour quelqu’un qui vient à la Cathédrale pour la liturgie, la surprise est grande et l’impression forte. On n’aurait jamais pu imaginer que ce soit si prenant. La veillée pascale, avec les baptêmes d’adultes et d’adolescents ; les vigiles de Pentecôte avec la confirmation d’adultes et d’adolescents sont des moments inoubliables pour ceux qui les ont vécues.

Selon le dispositif prévu dans le diocèse de Tournai, la messe chrismale est célébrée un peu partout dans le diocèse. La Cathédrale étant à une extrémité géographique du territoire du diocèse, la messe chrismale est programmée selon un « tour » où la Cathédrale est un des lieux possibles. Les autres célébrations importantes sont les ordinations de prêtres. Le deuxième dimanche de septembre ont lieu les célébrations de la Grande Procession de Tournai.

Dans le grand mouvement de restauration de la Cathédrale, la Fabrique a pris en charge l’aménagement liturgique de la Cathédrale afin de correspondre aux décisions du Concile Vatican II (1962-1965). On retrouvera par conséquent un baptistère à l’entrée de la nef romane. Le lieu de la Parole, l’autel et la cathèdre seront fixés à la croisée du transept. Les mêmes orientations, avec les mêmes questions des gardiens du passé, ont été prises après l’incendie de la Cathédrale Notre-Dame à Paris.

Pourquoi accorder une telle attention à la Cathédrale ?

Tout simplement parce que en ce lieu nous avons comme une synthèse de ce que représente l’Église : la proclamation de l’Évangile, la célébration de l’Eucharistie et le ministère de l’Évêque pour une portion de l’Église appelée diocèse ou Église particulière. Avec le Peuple de Dieu en Hainaut, sous l’action de l’Esprit Saint, nous témoignons des merveilles de Dieu et nous rendons grâce au Père pour tout ce que le Seigneur Ressuscité nous confie pour exercer notre mission en ce monde.

De plus, la Cathédrale de Tournai est édifiée en ce lieu dès le Ve siècle, encore à l’âge des Pères de l’Église, en une époque où on parle encore de l’Église indivise, où les Églises orientales et l’Église latine ne sont pas séparées. Lorsque des représentants de l’Orthodoxie viennent à Tournai, ils ne cessent pas de le faire remarquer.

De plus, à la Réforme du XVIe siècle, lorsque les iconoclastes ont fait pas mal de dégâts en 1566, il y a eu comme un sursaut évangélique. À un certain moment, « catholiques » et « protestants » ont commencé à vivre « en paix », « en frères ».

Enfin, après le passage de la Révolution Française, à la fin du XVIIIe siècle, malgré les tentatives de vendre la Cathédrale, une solution a été trouvée pour la sauvegarder et même la restaurer. Ce travail a duré pendant six décennies au XIXe siècle.

C’est dans cette « tradition » que le 22 mai 2022 nous ferons mémoire de la Dédicace de 1171. Soyons nombreux à participer à cet événement qui se célèbre tous les cinquante ans.

+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai

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