Un au revoir chaleureux aux chanoines du Latran

Après 90 ans de présence dans la commune de Gerpinnes, à une bonne dizaine de kilomètres de Charleroi, la communauté des Chanoines Réguliers du Latran quitte le Prieuré de Saint-Augustin et le diocèse de Tournai. Nombreux sont celles et ceux qui sont venus leur dire merci pour ce petit siècle de service et d’accompagnement.

«La couleur liturgique aujourd’hui est le violet, mais nous ne sommes pas en deuil, nous ne sommes pas tristes!» C’est ainsi que le Père Paul Pawlak, Provincial de la congrégation, a accueilli l’assemblée fournie qui s’est réunie ce 27 mars 2023 dans l’église Saint-Michel, au centre de Gerpinnes, pour remercier et rendre grâce à la petite communauté encore présente dans la commune. «La fermeture de cette maison a provoqué de la tristesse chez certains, car des liens d’amitié se sont formés avec les chanoines impliqués au collège Saint-Augustin et dans la vie paroissiale. Mais un chrétien n’est jamais triste, nous vivons cet événement avec une espérance chrétienne. Il faut parfois ‘mourir’ à quelque chose pour renaître ailleurs…»

Et malgré la «séparation» que constitue ce départ, c’est une atmosphère souriante et chaleureuse qui s’est dégagée de toute la célébration et du moment de convivialité qui a suivi. Mgr Harpigny, entouré du Provincial et du Père abbé général, de plusieurs membres du Conseil épiscopal, du curé des lieux, l’abbé Philippe Pardonce, de plusieurs chanoines et novices venus d’autres communautés et de quelques prêtres, a lui aussi insisté sur l’espérance que porte en lui tout changement: «Si les chanoines ont reçu un charisme particulier, c’est pour l’exercer là où ils se sentent appelés, pour progresser vers le Seigneur. Je suis donc heureux pour eux de la décision qu’ils ont prise.»

Personne n’est abandonné

La congrégation des chanoines du Latran a notamment choisi de se concentrer sur le développement de sa communauté de Beauchêne, entre Nantes et Poitiers. «Comme évêque, quand une communauté religieuse change de lieu, je n’ai pas à intervenir et je leur souhaite de vivre quelque chose de beau. Ils ne partent pas pour sauver les meubles ou pour survivre, c’est une évolution dans la vie ecclésiale.»

Mgr Harpigny a encore longuement invité toutes les personnes présentes à regarder vers l’avenir: «Nous ne devons pas toujours nous dire que c’était mieux avant. Les chanoines du Latran ont reçu un appel de Dieu pour répondre de manière particulière à un appel à la sainteté; ils ont un charisme, l’enseignement, qu’ils articulent avec la pastorale locale, sur un territoire. Alors pourquoi s’en vont-ils? Il y a beaucoup de raisons. Ce n’est pas parce qu’ils ne nous aiment pas ou qu’ils nous abandonnent, mais parce qu’ils répondent à cet appel.»

Notre évêque a tenu à rappeler que le Seigneur n’abandonne personne mais qu’il nous appelle à franchir une étape, pour continuer à témoigner.

Souvenirs et sourires

Et des témoignages, il y en a eu beaucoup. Le Père abbé général des chanoines du Latran, Mgr Franco Bergamin, s’est risqué en français à quelques encouragements et remerciements. Le Père Joseph, arrivé en 1958 à Gerpinnes pour y vivre son noviciat, passera par le séminaire puis par l’Afrique avant de revenir à Gerpinnes. Au collège Saint-Augustin (créé par les chanoines en 1949), d’abord: «Je suis resté pour faire de l’animation religieuse pendant 15 ans. Puis j’ai été aumônier des louveteaux, puis des scouts.» S’investissant aussi dans la paroisse, le Père Joseph y est nommé curé de 1991 à 2006.

Le frère Guillaume, lui, avait 15 ans quand il est venu à Gerpinnes pour y devenir prêtre. «Nous étions alors cinq ‘petits frères’.» Le regard pétillant, frère Guillaume raconte comment, après avoir appris à jouer sur un piano laissé dans une salle du collège avec l’un de ses comparses, il s’est finalement retrouvé à assurer les messes du Prieuré puis de l’église du village, à quatre mains («Je jouais les notes hautes et l’autre frère jouait les notes basses») puis seul.

Les derniers remerciements sont venus de la directrice actuelle du Collège Saint-Augustin dans lequel les chanoines du Latran se sont tant investis. «Nous avons vraiment vécu en communauté», a expliqué Catherine Hollevoet. «Les élèves, les membres de la communauté éducative et les chanoines. Merci d’avoir créé ce collège. Et je vous assure qu’avec toute l’équipe, nous allons continuer à faire vivre les valeurs qui nous ont été confiées.»

La petite communauté s’en va donc… mais l’esprit des Chanoines réguliers du Latran n’est pas prêt de quitter Gerpinnes, son collège et la paroisse Saint-Michel!

A.M.