Saint Ursmer a envoyé le soleil aux Lobbains pour que sa fête soit parfaite

Il y a 1200 ans, Ursmer devenait saint Ursmer avec l’élévation de ses reliques, à peine plus d’un siècle après sa mort. En cette année 2023, année de Jubilé, la fête du saint prenait une saveur toute particulière avec une procession exceptionnelle et une messe solennelle présidée par Mgr Harpigny.

Ursmer – moine, évangélisateur et évêque-abbé – est décédé à l’abbaye de Lobbes le 18 avril 713, date devenue la fête de ce saint vénéré dans plusieurs paroisses du Hainaut mais aussi de Flandre ou encore du nord de la France, lui qui était natif de Floyon, près d’Avesnes-sur-Helpe. En ce 23 avril 2023, alors que l’année est émaillée de nombreux événements pour commémorer la canonisation d’Ursmer, c’est une procession inhabituelle qui a traversé les abords puis le centre de la petite ville surplombant la vallée de la Sambre.

Le seul élément qui pouvait venir gâcher la fête était la météo, plus que capricieuse ces derniers jours. Prévoyante, l’équipe du Jubilé, le doyen Philippe Pêtre en tête, avait même déplacé le repas campagnard organisé après la messe. De la cour de la ferme de l’Abbaye, le festin s’est replié en dernière minute dans la salle des Blés Verts, à deux pas de la Collégiale. Et finalement, quand les groupes venus de toute une série de paroisses dédiées à Ursmer ont commencé à se rassembler, c’est un grand soleil qui s’était invité à la fête pour quelques heures, le temps que la procession regagne au sec le plus vieil édifice religieux de Belgique.

Une nouvelle statue pour le millénaire à venir…

Ce sont les Sonneurs de cor du Rallye du Prince de Ligne de Belœil qui les premiers sont passés sous la célèbre «Portelette», porte d’entrée du domaine abbatial de Lobbes (appelée aussi Porte de Thudinie) sur la route conduisant à la ville de Binche. Un à un, chaque groupe est symboliquement passé sous la Portelette pour descendre ensuite vers la ferme de l’abbaye: fanfare Saint-Ursmer d’Ormeignies, délégations d’Athis, Binche, Eppe-Sauvage (France), Oetingen et Zegelsem (Flandre), Vellereille-les-Brayeux, Mont-Sainte-Geneviève ou encore Sars-la-Buissière. Juste derrière la paroisse Saint-Ursmer de Lobbes et son buste reliquaire, les membres du clergé fermaient la marche.

Quelques centaines de mètres plus bas, le cortège est alors entré dans la cour de la ferme de l’abbaye, magnifique bâtiment sorti d’un autre âge, où l’attendait la Société royale des zouaves pontificaux de Thuin. Impressionnants dans leur uniforme bleu et rouge, les soldats sont munis qui de tambours et de fifres, qui d’épées, de fusils à poudre ou de haches.

L’arrêt dans la ferme, vestige de l’abbaye et aujourd’hui propriété de la famille Halbrecq, n’est pas anodin. Le doyen Pêtre profite de l’occasion pour rappeler qui est saint Ursmer et le sens de cette journée de fête. Il invite ensuite Mgr Harpigny à procéder à la bénédiction de la toute nouvelle statue du saint, réalisée en chêne par le sculpteur Serge Docquier et offerte par son ami Léo Franck. Aux côtés de la statue, tous deux assistent avec émotion à ce grand moment. Comme le souligne Véronique Van Houtte, présidente de la fabrique d’église de la Collégiale, cette nouvelle œuvre va désormais trouver sa place dans l’édifice, pour y perpétuer pendant des siècles sans doute le souvenir d’Ursmer.

Petit montage-souvenir de quelques séquences filmées par notre collègue
du service Art, Culture et Foi, Déborah Lo Mauro.

Un exemple à suivre

C’est dans une Collégiale bien remplie, les zouaves massés derrière l’autel après une entrée majestueuse au son des fifres et des tambours, que s’est déroulée la messe solennelle. «Une personnalité comme Ursmer, ce n’est pas quelqu’un qui vit dans une bulle», a insisté Mgr Harpigny dans son homélie. «Les chrétiens d’aujourd’hui feraient bien de s’en souvenir : nous ne sommes pas dans une bulle au milieu des autres.» Notre évêque rappela alors qu’Ursmer avait reçu une vocation et avait décidé de devenir moine. «Pas pour s’enfermer mais pour voyager, pour témoigner. (…) Ursmer a continué à faire confiance à Dieu dans une période difficile de l’histoire. Nous aussi nous devons faire confiance, nous mettre à l’écoute et ne pas avoir peur de partager ce qui nous fait vivre.»

Après une intervention en néerlandais pour les délégations venues de Flandre, Mgr Harpigny attire encore l’attention sur les disciples d’Emmaüs évoqués dans l’Évangile du jour: «Parfois, nous sommes tellement occupés avec nos idées, nos convictions, que nous oublions que le Christ est toujours à nos côtés, avance avec nous. Comme saint Ursmer, restons attentifs aux signes que le Christ met sur notre route…»

Agnès MICHEL

Le chêne des 1200 ans

Quelques jours avant cette journée de fête, un tout jeune chêne a été planté dans le jardin qui longe la Collégiale Saint-Ursmer. Un arbre sans doute amené à traverser les siècles, à voir passer des générations et des générations sous ses branches. Sous les premières gouttes de pluie de la journée, Xavier Legrain, Lobbain mais aussi membre de l’asbl « Cercles des Naturalistes de Belgique », a pris la parole avec beaucoup d’humour et de justesse au nom de cet arbre pas comme les autres. Le chêne des 1200 ans a ensuite été béni par Mgr Harpigny.