Nomination d’un nouvel évêque : petit mode d’emploi

Nomination d’un nouvel évêque: petit mode d’emploi

Comme le veut la tradition, notre évêque a remis sa démission le 13 avril de cette année, jour de ses 75 ans. Mais comment désigne-t-on un nouvel évêque? C’est une procédure en plusieurs étapes qui peut parfois prendre de longs mois…

L’Église en Belgique est à l’aube d’une période de changements importants. On le sait, quatre évêques ont atteint ou sont en passe d’atteindre l’âge traditionnel de la «retraite» épiscopale.

Mgr Jean-Luc Hudsyn, évêque auxiliaire pour le Brabant wallon, a ouvert le bal en envoyant sa démission en janvier 2022, suivi quelques mois plus tard par le Cardinal Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles. Le 13 avril dernier, le jour même de son 75e anniversaire, Mgr Guy Harpigny, 100e évêque du diocèse de Tournai, a adressé sa lettre de démission au nonce apostolique pour qu’elle soit transmise au Vatican. Et Mgr Pierre Warin, évêque de Namur depuis 2019, est le quatrième à devoir accomplir le même geste.

Une phase de consultations…

Avant le Concile Vatican II, les évêques ne donnaient pas leur démission mais restaient en fonction jusqu’à leur mort. Cette tradition a perduré chez les papes, en tant qu’évêques de Rome. Benoît XVI était d’ailleurs en 2013 le premier pape à démissionner en six siècles, ouvrant la voie à une autre façon de procéder en renonçant à sa charge à cause de sa santé défaillante.

Aujourd’hui, les évêques restent généralement en poste jusqu’à leurs 75 ans. S’il est usuel d’envoyer sa lettre de démission le jour de ses 75 ans, cette règle n’est pas figée et l’envoi peut se faire avant. Le souverain pontife peut par ailleurs solliciter une prolongation auprès des évêques démissionnaires, afin d’assurer la continuité de l’épiscopat et gérer les affaires courantes. Bien entendu, en cas de décès avant cette limite d’âge –comme ce fut le cas pour Mgr Jean Huard, prédécesseur de Mgr Harpigny et parti le 4 octobre 2002 alors qu’il avait 74 ans–, un administrateur peut être désigné en attendant l’arrivée du nouvel évêque.

Une fois la démission officiellement remise, le nonce apostolique (agent diplomatique du Saint-Siège et ambassadeur du Vatican auprès des États) lance des consultations tous azimuts. Au cours de cette phase, qui peut évidemment durer assez longtemps, il prend en considération les besoins du diocèse concerné et étudie de manière approfondie le «profil» de l’ensemble des candidats potentiels. Mgr Franco Coppola, nonce depuis 2021 en Belgique, estime de son côté qu’il faut un an pour faire un évêque!

…avant la nomination

Une fois ces larges consultations terminées, le nonce apostolique envoie les informations recueillies ainsi que ses conclusions et recommandations à Rome, sous forme d’une liste de trois noms pour chaque siège épiscopal à pourvoir. Car c’est bien le pape qui prendra la décision finale et désignera un successeur à l’évêque sortant, successeur choisi dans cette «short list» ou pas!

Si les étapes de consultation et de nomination peuvent, on l’a compris, prendre de nombreux mois, la suite peut elle s’avérer beaucoup plus brève. Une fois que le candidat choisi par le pape a accepté la charge épiscopale, la communication publique est assez rapide (3-4 jours). Il s’écoulera ensuite maximum trois mois entre la désignation par le pape (élection) et l’ordination du candidat (s’il n’est pas encore évêque) ou sa prise de possession du siège épiscopal (s’il s’agit déjà d’un évêque).

À l’heure d’écrire ces lignes, Mgr Harpigny n’avait pas encore reçu de réponse en provenance du Vatican pour l’informer de l’acceptation ou non de sa démission. Cette acceptation fait peu de doutes. Mais bien malin qui pourrait dire qui lui succèdera et quand il pourra enfin profiter d’une retraite bien méritée, après 20 années d’un riche épiscopat!

Agnès Michel
Service Presse et Communication

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