Eucharisties dominicales, synode et textes des papes
Dans cet article, je voudrais aborder la thématique des Eucharisties dominicales comme lieu-source et ferment d’une vie communautaire authentique, d’abord dans le sillage du Synode diocésain de 2012 et de la Refondation des Unités pastorales, et ensuite dans les documents récents des papes.
Dans sa lettre pastorale Pour que tous aient la Vie, la Vie en abondance (30 novembre 2014), à la fin du chapitre qui traite de la réception des Décrets synodaux, notre évêque cite plusieurs extraits de la Constitution sur la Sainte Liturgie dont celui-ci : « Il faut travailler à ce que le sens de la communauté paroissiale s’épanouisse, surtout dans la célébration communautaire de la messe dominicale » (SC 42). Il importe que l’assemblée liturgique du dimanche soit signifiante de l’Unité Pastorale refondée et de sa mission qui inclut les trois charges que reçoit le curé, tenant lieu de l’évêque : enseigner, sanctifier et gouverner.
Deux dimensions de la liturgie telle que la conçoit le Concile Vatican II sont relevées dans la Lettre : la liturgie permet à chaque personne de découvrir sa vocation et son bonheur à l’intérieur du dessein de Dieu ; elle permet de vivre l’universalité de l’Église en constituant un peuple de toutes origines, que Dieu crée, sauve et glorifie.
Le sens profond de la liturgie
Nous pouvons relire les décrets 32 et 33 du Synode : « Le Synode demande de redécouvrir le sens profond de la liturgie… Un effort tout particulier sera mené pour entrer dans la signification de l’assemblée du dimanche, et par conséquent de l’eucharistie, de la liturgie des Heures, ainsi que des liturgies au cours desquelles l’initiation chrétienne de tous est mise en avant…
À la célébration de l’eucharistie dominicale, les familles, les jeunes, les catéchumènes et les recommençants apportent une fraîcheur pour découvrir le sens profond de la liturgie. Les écouter pour connaître leurs questions, leurs réactions, entraîne souvent à percevoir la pertinence des grands moments de l’action liturgique… » (Cahier des Décrets synodaux, 30 novembre 2013).
Rappelons-nous comment le projet catéchétique de 2015, de type catéchuménal, présente la participation à l’eucharistie dominicale comme sa « colonne vertébrale », avec son 7e fondement théologique qui parle de l’Eucharistie concluant l’initiation chrétienne du jeune comme celle par laquelle s’ouvre sa vie chrétienne communautaire.
Une dimension communautaire
Dans sa lettre apostolique Dies Domini, le pape Jean-Paul II souligne que la dimension communautaire de la célébration dominicale doit être particulièrement mise en valeur sur le plan pastoral et demande que « les célébrations eucharistiques faites normalement dans d’autres églises ou chapelles soient coordonnées avec la célébration de l’église paroissiale, cela précisément pour ‘que le sens de la communauté ecclésiale, spécialement nourri et exprimé par la célébration commune de la messe dominicale, soit entretenu et autour de l’évêque, surtout dans l’église cathédrale, et dans l’assemblée paroissiale dont le pasteur tient la place de l’évêque’ » (35).
Le pape tient aussi à redire que l’assemblée dominicale est le lieu privilégié de l’unité : « On y célèbre le sacramentum unitatis qui caractérise profondément l’Église, peuple rassemblé ‘par’ et ‘dans’ l’unité du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. En elle, les familles chrétiennes y vivent une des expressions les meilleures de leur identité et de leur ‘ministère’ d’Églises domestiques’. » (36)
Le pape Benoît XVI a commenté quant à lui l’expression que saint Ignace d’Antioche utilisait pour désigner les chrétiens : ceux qui vivent « selon le dimanche », dans son exhortation apostolique Sacrement de l’amour (2007) : « Les chrétiens ont toujours ressenti ce jour comme le premier de la semaine, parce qu’en lui on fait mémoire de la nouveauté radicale apportée par le Christ. Le dimanche est donc le jour où le chrétien retrouve la forme eucharistique de son existence, selon laquelle il est appelé à vivre constamment. ‘Vivre selon le dimanche’ signifie vivre dans la conscience de la libération apportée par le Christ et accomplir son existence comme l’offrande de soi à Dieu, pour que sa victoire se manifeste pleinement à tous les hommes à travers une conduite intimement renouvelée… Participer à l’assemblée liturgique dominicale, avec tous nos frères et sœurs qui forment un unique corps dans le Christ Jésus, est requis par la conscience chrétienne et, en même temps, forme la conscience chrétienne. » (72-73)
De dimanche en dimanche
Et, dans sa lettre apostolique J’ai désiré d’un grand désir (2022), le pape François n’est pas en reste : « Plus que le résultat de programmes élaborés, une pratique pastorale globale, organique et intégrée est la conséquence du fait de placer l’Eucharistie dominicale, fondement de la communion, au centre de la vie de la communauté. »
Pour lui, « la célébration dominicale offre à la communauté chrétienne la possibilité d’être formée par l’Eucharistie. De dimanche en dimanche, la parole du Seigneur ressuscité illumine notre existence, en voulant atteindre en nous la fin pour laquelle elle a été envoyée. De dimanche en dimanche, la communion au Corps et au Sang du Christ veut faire de notre vie aussi un sacrifice agréable au Père, dans la communion fraternelle du partage, de l’hospitalité, du service. De dimanche en dimanche, l’énergie du Pain rompu nous soutient dans l’annonce de l’Évangile dans lequel se manifeste l’authenticité de notre célébration… » (37, 65)
Que la référence aux décrets du Synode diocésain et la réflexion de ces textes du Magistère nous aident à discerner comment offrir aujourd’hui à nos communautés les lieux d’assemblées significatifs de notre existence eucharistique au coeur du monde.
Philippe Vermeersch