Peissant: l’église Saint-Martin a rouvert ses portes

Après trois années de restauration, l’édifice a été rendu au culte, pour le plus grand bonheur des habitants et de la communauté paroissiale. Mgr Harpigny est venu officiellement en «ouvrir les portes» et y célébrer la première messe. Un événement sold-out!

Mars 2020. Pour les habitants de Peissant, dans l’Unité pastorale de Binche – Estinnes, ce printemps-là ne correspond pas uniquement au début du premier confinement lié à la pandémie de Covid. C’est aussi le moment de la fermeture de leur église, ce lieu symbolique planté au milieu du village et auquel une multitude de souvenirs sont accrochés, tant pour les croyants que pour les non-croyants.

«Combien de mariages, de baptêmes et autres célébrations n’ont pas été repoussés dans le temps ou déplacés, à contrecœur, dans une autre église?», a souligné l’échevin du patrimoine de la commune d’Estinnes, Alexandre Jaupart. «C’est un moment de grande importance pour notre communauté, car cette église, témoin de notre histoire et gardienne de nos traditions, a été restaurée avec soin et amour.»

Il a ainsi fallu rajeunir le clocher, restaurer les maçonneries, réparer le plafond de la nef et remplacer l’éclairage. Aujourd’hui, l’église de Peissant a retrouvé sa solidité et sa splendeur. «Cette restauration est bien plus qu’une simple rénovation matérielle. Elle témoigne de notre engagement à préserver notre héritage et à honorer nos ancêtres», a encore noté l’échevin du patrimoine. Et ils ont été nombreux à s’investir, à donner énergie, fonds et savoir-faire pour venir à bout de ces travaux bien nécessaires : des artisans passionnés, l’architecte du projet, les membres de la Fabrique d’église – emmenés par leur président Jean Galez -, l’administration communale, des privés, des bénévoles (qui ont notamment nettoyé les lieux de fond en comble avant la réouverture) ou encore le responsable de l’UP, M. l’abbé Louis Wetshokonda.

S’inscrire dans la durée

24 juin 2023. L’atmosphère est tout autre. Le parvis est rempli de personnes aux larges sourires, heureuses de se retrouver pour marquer ce moment important. Parmi elles, on peut voir quelques membres de la famille Cornet d’Elzius de Peissant, étroitement liée à l’histoire du village. Ambassadeur de Belgique près le Saint-Siège de 2016 à 2020, Jean Cornet d’Elzius a notamment tenu à assister à cette réouverture.

Une fois n’est pas coutume, la célébration commence à l’extérieur. Mgr Harpigny procède au rite d’ouvertures des portes. Alors que résonne le chant «Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portes éternelles: qu’il entre, le Roi de gloire! », notre évêque frappe doucement les portes à l’aide de sa crosse. Et enfin, l’abbé Wetshokonda pousse les deux portes pour laisser entrer l’assemblée, qui va rapidement remplir toutes les places disponibles ou presque.

«Restaurer un lieu de culte, c’est s’inscrire dans la durée», fera remarquer Mgr Guy Harpigny au cours de son homélie. Même si jusqu’à Salomon, il n’existait pas de lieu de culte. Même si avant tout la Loi est inscrite dans le cœur des hommes. Même si les chrétiens sont les pierres vivantes du temple. «Là où il y a une communauté de chrétiens, il faut un lieu de culte. Même quand un lieu de culte est fermé, il reste un signe dans la société, un symbole.»   

Et témoigner

En Belgique comme ailleurs en Europe, beaucoup déplorent la diminution des assemblées du dimanche. Mais notre évêque ne semble pas pour autant se désespérer. «Nous sommes une religion minoritaire. Mais est-ce pour cela qu’elle n’a pas d’importance? Que nous n’avons rien à dire, que nous ne devons pas être écoutés? Être catholique, ce n’est pas seulement un label mais une conviction qu’on a le droit de manifester, dans le respect des autres convictions, sans s’imposer. Nous n’avons pas à avoir peur. Nous participons chacun et chacune à ce qu’est le Christ.»

Quelques minutes plus tard, après avoir remercié tous ceux qui ont participé à la restauration de l’église Saint-Martin, le curé des lieux renchérit: «Maintenant, c’est à nous de faire vivre ce lieu!»

Agnès MICHEL