Mgr Harpigny invité de KTO: franchise et sérénité

Pour la dernière fois de son épiscopat (sans doute), Mgr Guy Harpigny s’est rendu dans les studios parisiens de la chaîne catholique KTO pour l’enregistrement de l’émission «La Vie des diocèses». Diffusion de cette interview en toute décontraction le 5 février 2024.

Chaque semaine, un évêque est invité par KTO pour remettre en perspective la vie et l’actualité de son diocèse. Si la diffusion de l’émission «La Vie des diocèses» est hebdomadaire, les enregistrements, eux, sont regroupés dans le planning de la chaîne et réalisés dans les conditions du direct quelques jours ou quelques semaines à l’avance. Dans le petit salon d’accueil installé à l’entrée, il n’est donc pas rare que des évêques venus de l’Hexagone mais aussi de Belgique ou de plus loin en Francophonie se croisent et échangent autour des réalités de leur région pastorale en attendant de rejoindre le studio chacun à son tour. C’est ainsi que le calendrier du 22 janvier 2023 a mis en présence pour quelques minutes le 100e évêque de Tournai et Mgr Didier Noblot, évêque de Saint-Flour, dans le Cantal.    

En 20 ans d’épiscopat, Mgr Guy Harpigny s’est prêté maintes fois à l’exercice. Mais cette visite était plus que vraisemblablement la dernière de ses interventions dans l’émission. Car comme l’évêque de Tournai l’a dit d’entrée de jeu, il espère connaître le nom de son successeur en avril prochain. Un départ de l’évêché qu’il envisage sans atermoiements: «Un diocèse existe avant un évêque, il existe encore après, et c’est très bien comme ça!»

Sans tabous

En 26 minutes, la journaliste Honorine Grasset a donc balayé l’actualité de notre province et celle de son 100e évêque. La question des abus au sein de l’Église, et l’émotion provoquée il y a quelques mois par la diffusion de l’émission Godvergeten sur Canvas VRT, n’ont pas été mises sous le tapis. «Je me réjouis de l’instauration d’une nouvelle commission parlementaire car en 2010, on n’a pas écouté les victimes», a relevé Mgr Harpigny. «Il faut maintenant prendre de nouvelles dispositions pour qu’elles soient reconnues mais surtout écoutées et accompagnées, s’il le faut jusqu’à la fin de leur vie.»

Mgr Guy Harpigny a également confirmé que les évêques belges avaient une fois encore demandé au pape François de retirer son titre épiscopal à Roger Vangheluwe, ancien évêque de Bruges contraint à la démission en 2010 suite à des abus. «J’ai déjà signé trois fois… J’espère que cela sera réglé avant la venue du pape en Belgique, en septembre 2024.»

Autre thématique abordée par la journaliste française, le dialogue islamo-chrétien. Comment poursuivre ce dialogue sans naïveté, s’est-elle notamment interrogée? «En étudiant les choses, pour comprendre d’où viennent les conflits et les incompréhensions, pour prendre ensemble les bonnes décisions», lui a répondu Mgr Harpigny, évêque référendaire en la matière.

Au cœur du diocèse

Deux reportages sont venus ponctuer l’interview, pour aller à la rencontre de la réalité de notre diocèse. Ce n’est pas pour sa célèbre Pastomobile itinérante que l’abbé Xavier Huvenne s’est retrouvé devant les caméras de KTO mais pour la Saint-Éloi fêtée aux côtés des agriculteurs de l’UP de Beaumont, avec bénédiction des tracteurs à la clé.

Le père Michel Dymyd, aujourd’hui reparti en Ukraine après deux années de service comme prêtre auxiliaire dans l’UP de Charleroi, a lui évoqué la tradition d’accueil et d’ouverture à toutes les cultures du diocèse de Tournai. «Ces personnes montrent la diversité de l’Église», souligne Mgr Harpigny. «Une Église qui se replie sur elle-même n’a aucun avenir.»

Et son avenir à lui, comment le voit-il? Au service du diocèse, là où on le sollicitera. Et plus à Tournai, pour laisser les coudées franches à son successeur: «Il ne faudra pas venir me demander ce que je pense de mon successeur, j’en dirai toujours du bien!»

Agnès MICHEL