Message de Noël 2024

Message de Noël 2024

Ô Clé de David, ô Sceptre d’Israël, tu ouvres, et nul ne fermera, tu fermes, et nul n’ouvrira: arrache les captifs aux ténèbres, viens, Seigneur, viens nous sauver! (Antienne Ô du Magnificat, le 20 décembre)

Le dimanche 8 décembre 2024, les médias nous informent de la fuite de Bachar al-Assad, président de la République arabe syrienne. Les nouvelles autorités ouvrent les prisons dans lesquelles sont enfermées des personnes qui avaient manifesté leur désaccord avec le régime, en place depuis les années 1970. Aussitôt, des foules immenses se ruent vers les prisons du pays, dans l’espoir de découvrir la vérité sur leurs proches enlevés, torturés, exécutés ou peut-être encore en vie. Même les personnes porteuses de handicap courent vers les prisons. En évoquant cet événement entre évêques la semaine dernière, l’un d’entre nous dit: voilà une image du Salut. On espère retrouver vivant quelqu’un qui a été arrêté en pleine rue par la police, il y a des années. Pas de jugement devant un tribunal régulier; pas d’avocat; pas de journaliste; parfois une ONG a osé en parler.

Le Messie du prophète Isaïe (61,1-9) est envoyé pour proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. À Nazareth, Jésus parle à la synagogue le jour du sabbat (Luc 4,16-21), à partir du livre du prophète Isaïe: L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé (…) annoncer aux captifs leur libération (…), remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.

Ces événements de Syrie, à propos de la libération des détenus, nous en connaissons de semblables depuis des millénaires. Les prophètes en font mémoire quand ils annoncent un sauveur. Dans le livre du prophète Isaïe, première lecture de la messe de la nuit à Noël, nous lisons: Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière (..). Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane.

L’ange s’adresse aux bergers en disant: Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple: Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur.

Depuis le 7 octobre 2023, nous assistons, impuissants, à un combat terrible à Gaza, au Liban et, maintenant aussi, en Syrie. Là où est né le Sauveur, il est pratiquement impossible de célébrer le Prince de la Paix.

Dans la liturgie de l’Octave de la Nativité, nous avons la fête des Saints Innocents. Dès sa naissance, Jésus doit s’enfuir en Egypte.

Dieu accomplit son dessein de salut, dans un monde où son Fils n’est pas reçu par tous, comme le dit le commencement de l’évangile selon saint Jean: Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme: ils sont nés de Dieu. Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.

En communion avec tous ceux qui souffrent, qui passent par l’épreuve au Moyen Orient, et aussi avec ceux qui attendent une paix juste en Ukraine et ailleurs dans le monde, choisissons d’accueillir le Fils de Dieu, le Fils unique, et vivons comme le propose la lettre de l’apôtre Paul à Tite: (La grâce de Dieu) nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance: la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

Je souhaite à chacun d’entre vous, à vos familles, vos proches une belle fête de la Nativité du Seigneur. N’hésitez pas à montrer aux enfants en bas âge le nouveau-né dans la crèche, le Sauveur du monde, le Prince de la Paix.

+ Guy Harpigny,
Évêque de Tournai

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