Des femmes engagées dans l’Église

Des femmes engagées dans l’Église

Elles sont bénévoles, responsables de services, animatrices pastorales… Des femmes engagées au travail indispensable à la vie de l’Église. À l’occasion de la Journée internationale du droit des femmes, le 8 mars, le Service Com’ est parti à la rencontre de certaines de ces femmes dans le diocèse de Tournai.

Bernadette Deffernez-Quiévy est bénévole dans l’unité pastorale Saint-François à Mons-Est. Elle s’occupe notamment du secrétariat, de la communication et de l’accompagnement au baptême.

Léna Lermuseau-Malle est l’actuelle sacristine de la Cathédrale de Tournai, mais elle est également doctorante en Histoire de l’Art. Le sujet de sa thèse porte justement sur la cathédrale.

Pourquoi travailler dans/pour l’Église ?

BDQ : J’ai toujours « participé à la vie paroissiale » et « travaillé » dans et pour l’Église ! Étudiante, je faisais déjà la catéchèse sous la tutelle d’une religieuse.  Jeune mariée, j’ai été approchée par un ancien aumônier de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) pour faire la catéchèse de profession de foi et de confirmation. J’ai suivi un groupe pendant deux ans puis j’ai déménagé.

Plus tard, lorsque mon aînée a préparé sa première communion, j’ai trouvé que sa préparation était très légère et j’ai proposé au curé du village de l’aider dès l’année suivante. De fil en aiguille, j’ai préparé les enfants à la première communion, à la profession de foi et plus tard à la confirmation. Aujourd’hui, l’organisation de la catéchèse a changé, je fais partie de l’équipe locale de catéchèse et je participe à la préparation au baptême des enfants en âge de scolarité.

D’autre part, il y a une quinzaine d’années, à peine prépensionnée, j’ai été appelée à faire partie de l’EAP (J’y suis restée 8 ans). Ensuite j’ai accepté la responsabilité du secrétariat paroissial et particulièrement des baptêmes de bébés.

Pour moi, c’est une évidence de donner de mon temps pour l’Église dont je fais partie. C’est dans ma mission de baptisée.

LLM : Pourquoi travailler pour l’Église… En toute honnêteté, c’est arrivé un peu par hasard. Durant mes études en histoire de l’art, j’ai travaillé plusieurs étés comme étudiante au Trésor, le musée de la cathédrale Notre-Dame de Tournai. J’y travaillais en juillet-août 2020 au moment où la sacristine précédente a décidé de quitter son poste, et comme j’appréciais mes futurs collègues, que je connaissais bien les lieux, et que le sujet de ma thèse porte sur la cathédrale, j’ai candidaté et j’ai été prise. Je travaille donc pour l’Église depuis janvier 2021, en parallèle de mon doctorat.

Comment y faire sa place comme femme dans un monde d’hommes ?

BDQ : Personnellement, cela ne m’a jamais fait peur de travailler avec des hommes. J’ai un caractère « fort » et je ne me laisse pas faire.

LLM : C’est une bonne question, à laquelle j’avoue n’avoir jamais réfléchi auparavant pour moi-même – pas que la situation des femmes et leurs droits ne m’intéressent pas, bien au contraire, mais parce que je n’ai jamais personnellement eu l’impression qu’il m’était difficile de m’y faire une place ; comme je l’ai dit, je m’entendais très bien avec mes futurs collègues, j’avais également déjà rencontré certains membres de l’équipe liturgique, et je savais à quoi m’attendre en terme de tâches à accomplir, donc les choses se sont faites naturellement, je dirais. Maintenant, bien sûr, il ne s’agit que de mon expérience personnelle ; c’est sûrement différent et (probablement) plus compliqué pour d’autres femmes, selon la fonction qu’elles occupent ou souhaitent atteindre – je pense notamment à celles qui voudraient prêcher au sein de l’Église catholique romaine, et qui n’en ont pas le droit.

Quel est votre avis sur la place des femmes dans l’Église ?

BDQ : Les femmes dans l’Église ont beaucoup de rôles de second plan. Beaucoup de femmes « aident » les prêtres. Très peu de femmes ont des postes importants.

LLM : Sujet sensible… Je vais avoir besoin de nuancer ma réponse, mais je vais essayer de faire ça le plus clairement possible.

D’un côté, je trouve que les femmes qui travaillent pour l’Église sont de plus en plus nombreuses, et c’est très positif ; elles peuvent occuper des postes administratifs clés, comme certaines de mes collègues de l’Évêché, ou des fonctions tout aussi primordiales au niveau paroissial – sacristine, animatrice en pastorale, chantre, …

Maintenant, d’un autre côté, je crois qu’il est important de faire la différence entre travailler pour l’Église, et travailler dans l’Église ; pour moi, ce n’est pas la même chose. Or à l’heure actuelle, comme je l’ai évoqué dans ma réponse précédente, l’Église catholique ne permet pas aux femmes d’entrer dans les ordres et de devenir ministre du culte, et j’avoue ne pas comprendre pourquoi. J’ai du mal à saisir en quoi une femme serait moins fervente qu’un homme, serait moins compétente ou responsable que lui pour accéder à la prêtrise, voire par la suite à des fonctions plus importantes, comme celle d’évêque. Il existe des femmes pasteures chez les protestants depuis près d’un siècle, si je ne m’abuse, des femmes ordonnées prêtres chez les anglicans depuis les années 90, et il y a même par-ci par-là quelques femmes rabbins ou imames. C’est bien la preuve que les femmes sont aussi capables que les hommes de vivre la foi et la transmettre autour d’eux… Partant de là, je trouve incompréhensible qu’elles soient exclues de ces positions dans l’Église catholique.

Maintenant, je pense également que chaque fait a une raison d’être, et qu’il est nécessaire que les choses soient remises en perspective, dans leur contexte historique, pour être correctement appréhendées. À l’époque où l’Église en tant qu’institution a commencé à s’organiser, qu’elle s’est hiérarchisée, elle s’est naturellement inspirée de la société dans laquelle elle évoluait, c’est-à-dire une société gérée par les hommes, où force est de constater qu’à de rares exceptions près, les femmes n’avaient ni place ni voix. C’est donc logique que l’Église ait suivi ce modèle et s’y soit tenu à travers le temps, je le conçois tout à fait et tiens à préciser que tout ce que je dis là n’est qu’un constat, bien évidemment énoncé sans jugement aucun. Je comprends qu’en tant qu’institution rassemblant de si nombreux fidèles de par le monde – dont tous sont différents et n’ont pas forcément les mêmes vision et opinion – , l’Église se doit de réaliser des compromis entre les divers courants qui existent en son sein, et je ne doute pas que la tâche soit complexe.

Avez-vous déjà rencontré des moments de frustrations, des obstacles, des difficultés ou des satisfactions en tant que femme travaillant dans l’Église ?

BDQ : Une fois, j’ai conduit (à l’improviste) une Assemblée dominicale en l’absence de prêtre parce que le célébrant était malade et lorsque j’en ai parlé ensuite au curé, il m’a dit « Et c’est toi qui as mené ? Tu aurais dû demander à ton mari ! Enfin bon ! Pour une fois, ce n’est pas grave ! » Là, j’ai senti qu’il n’avait pas apprécié qu’une femme ait pris le rôle principal et j’ai été frustrée.

Par contre, en tant que femme, je trouve que j’apporte une autre vision sur les choses, les événements, un aspect plus maternel lors des rencontres avec les parents. C’est une satisfaction.

Propos recueillis par Marie Lebailly

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