Journée Caritas Hainaut : pas seuls dans la solidarité
Ce vendredi 13 juin 2025 a eu lieu à la Maison Diocésaine de Mesvin cet évènement associatif annuel organisé par Caritas Secours Francophone (délégation du Hainaut) et Caritas Hainaut.
Dans la journée la plus chaude depuis le début de l’année une thématique aussi chaude a été abordée : le volontariat. Et pour son animation nous avons eu le plaisir d’accueillir une personne qui s’y connaissait très bien : Milena Chantraine, directrice de la Plateforme Francophone du Volontariat (PFV). Une vingtaine de participants issus de 12 associations différentes étaient au rendez-vous.
Rappel du cadre légal
Après un temps d’accueil et une brève présentation des participants, Milena a tout d’abord rappelé le cadre du bénévolat/volontariat qui est encadré ici en Belgique par une loi de 2005. Il n’y a aujourd’hui plus de distinction entre bénévolat et volontariat, le terme volontariat étant toutefois généralement plus utilisé pour accentuer le caractère « volontaire » et gratuit des personnes qui s’y engagent.
Cadre financier : remboursements admis et assurances
Sur base d’ateliers participatifs en petits groupes, beaucoup de questions sont apparues, notamment sur le défraiement/remboursement des volontaires. Le volontariat est un acte non-rétribué mais il peut être défrayé par l’association qui accueille soit de manière forfaitaire (max 42,37 €/jour, avec un maximum de 1 692 €/an), soit sur base de pièces justificatives (sans limite). Et pour les transports, un maximum de 2 000 km/an est d’application, remboursés sur base d’une grille tarifaire kilométrique mise-à-jour régulièrement par le SPF Finances.
Diverses questions ont été posées également sur les assurances : il en ressort que seule la responsabilité civile est obligatoire pour les associations ayant recours à des volontaires. Mais d’autres assurances sont possibles comme celle pour les administrateurs (assurance fortement conseillée, voir presque obligatoire). L’important est donc d’informer la personne qui s’engage comme volontaire dans votre association sur les assurances en place et les modalités pratiques. Il existe par ailleurs une assurance gratuite par la Province du Hainaut pour couvrir les volontaires lors d’évènements ponctuels.
Il est également important d’avoir un registre de volontaires, et mieux encore une convention (ou note d’information) signée avec tous les volontaires. Il ne s’agit pas un contrat car ce n’est pas une relation de travail. En revanche, communiquer les informations aux volontaires qui s’engagent est obligatoire. Dans la note d’information, doivent figurer essentiellement les remboursements éventuels, les assurances et numéros de polices, les statuts, la personne de contact, s’il y a soumission au secret professionnel et/ou au devoir de discrétion, etc.
Le recrutement et la fidélisation des volontaires
Autres questions pressantes : comment améliorer le recrutement et la fidélisation ? Comment recruter des volontaires plus jeunes ? Dans la deuxième partie de la matinée ont été abordées des questions concernant la nécessité de définir les besoins de volontariat pour les associations. Sur base de ces besoins, les associations peuvent mieux cadrer le recrutement, la fidélisation, l’accompagnement et le soutien à leur volontaires. Est rappeler également l’importance de l’évaluation de ces besoins et leur mise-à-jour.
Milena a rappelé aux participants les étapes-clé dans le processus de recrutement :
BESOIN – DEFINIR ACTIVITES – RECRUTER – ORIENTER – ACCUEILLIR – ACCOMPAGNER – ÉVALUER
Elle a aussi insisté sur l’importance de reconnaitre les volontaires à travers des évènements qui leurs sont consacrés. Avec de la reconnaissance, les volontaires ont tendance à rester et à s’investir davantage dans les activités proposées.
Pourquoi les volontaires s’engagent ?
En fin de matinée des exercices par sous-groupes ont essayé de répondre à la question fondamentale : qu’est-ce qui fait que les bénévoles s’engagent dans votre association ? Souvent c’est le but social qui parle et auquel les volontaires veulent participer. Sinon c’est déjà le lien existant avec des administrateurs/travailleurs de l’association. Des volontaires viennent également pour du changement, valorisant l’humain contre le système capitaliste (changement de système). Les volontaires se sentent parfois redevables et souhaitent faire du bien. Ils recherchent le lien social afin sortir de leur isolement. La motivation dépend beaucoup du parcours de vie. La recherche du sens et du collectif. La recherche de l’action aussi, avec des actions concrètes proposées par les associations.
Trois mots clés donc, pour résumer, dans la motivation des volontaires : SENS, COLLECTIF, ACTION
Et les jeunes ? Une étude récente en France a montré que les jeunes, contrairement à ce qu’on pense, s’investissent davantage dans le volontariat, mais pour des actions ponctuelles et non pas dans la durée. Pour celle-ci c’est surtout sur des retraités qu’il faut compter, mais il n’est pas vrai qu’ils ont toujours plus de temps pour le volontariat car ils le donnent de plus en plus souvent à leurs parents, aux petits-enfants et pour des activités personnelles.
Comment améliorer le recrutement de volontaires ?
Sur base d’annonces de recrutement, un autre exercice en sous-groupes a exploré les meilleures techniques de recrutement. Milena a rappelé qu’on peut publier et consulter des annonces gratuites sur le site du PFV : www.levolontariat.be. De manière générale, il en est ressorti de cet exercice une forte préférence pour les annonces qui communiquent des informations simples et claires, si possible avec une image qui attire l’attention et qui suscite de l’enthousiasme. Quelques conseils dans la rédaction d’une annonce ont été donnés : éviter un vocabulaire paternaliste et condescendant, privilégiant plutôt un vocabulaire accessible à tous ; éviter un langage trop « marketing » : un vocabulaire qui rapproche trop le monde associatif du monde capitaliste risque de vider le volontariat de son essence et de son sens profond ; privilégier les témoignages personnels, les histoires de vie et les liens humains ; préciser bien le lieu, le public visé et les activités définies du projet ; éviter les similitudes aux annonces pour un travail rémunéré ; et, pour des associations chrétiennes comme les nôtres, mettre en avant la foi en Dieu et en l’humain.
Les différents canaux afin de recruter des volontaires restent principalement le bouche à oreille, les réseaux sociaux, les sites dédiés et les rencontres
Autres questions importantes et le poids économique du volontariat
La question des relations entre bénévoles et professionnels est abordée. Parfois il y a des confrontations, des incompréhensions. Il est important de bien gérer cela et trouver un bon équilibre. Surtout, il ne faut pas écrire dans les annonces les mots ‘encadré par des professionnels’ car c’est dégradant. Le volontaire n’est pas inférieur au professionnel mais complémentaire. La question des relations volontaires et ‘usagers/bénéficiaires’ est également posée. Certaines associations ont gommé cette différence en intégrant les bénéficiaires comme volontaires au sein de leur asbl (comme les ASBL LA ROCHELLE et LE ROND POINT). Nous clôturons cette matinée sur le constat général que le poids du volontariat dans la vie économique de notre pays est très important. Le mouvement associatif est en effet très important dans l’économie mais les politiciens ne semble pas le reconnaitre.
Évaluation de la matinée
Milena a invité les participants à dresser un bilan de la matinée sur base de 3 questions : un élément particulièrement apprécié (coup de cœur), un élément qu’on aurait pu faire autrement (coup de griffe) et un élément à retenir (coup de soleil). Dans les ‘coups de cœurs’ les participants ont surtout apprécié les informations données et les échanges en sous-groupe, ainsi que la qualité de l’animatrice et sa manière d’aborder la matière d’une façon participative et engageante. Dans les ‘coups de griffe’ certains participants ont mentionné la difficulté de répondre de manière spécifique lorsqu’il y a une grande diversité d’associations et le manque de temps : une journée complète aurait été souhaitable pour abordes les différents sujets de manière plus complété. Enfin, dans les ‘coups de soleil’ les participants ont surtout retenu l’ensemble très positif et concret ; le côté convivial et la mise à l’aise de tous les participants dans leur prise de parole ; l’écoute de chacun, la bienveillance entre les personnes et le partage d’expériences vécues.
Bilan donc très positif : ce fût une formation très participative et attentive aux besoins des participants. Ce moment a permis de donner plus de sens à leur engagement, de créer du lien et, comme l’a écrit l’un d’eux, « on ne se sent pas seuls dans la solidarité ! ».
Cécile VANDE VELDE et Angelo SIMONAZZI