Les acteurs pastoraux, l’Homme et Dieu
Les acteurs pastoraux du diocèse de Tournai se sont retrouvés ces 22 et 23 février dans différents lieux du diocèse pour une session de formation permanente sur le thème de « L’être humain dans le dessein de Dieu ».
Si cette formation annuelle était prévue à l’origine à la salle Calva de Ghlin pour tous les participants, c’est finalement une autre organisation qui a été privilégiée en dernière minute. Participants et conférenciers se sont en effet répartis entre le Séminaire de Tournai, Tongre Notre-Dame, Mesvin, Fleurus, Fontaine l’Evêque… voire, pour certains, leur propre domicile. Les conférences étaient captées grâce à Sonostradamus et accessibles à tous en direct via l’application Zoom.
À Tournai, les personnes présentes ont pu profiter des pauses pour regarder le stand de la librairie La Procure de Tournai, qui proposait des livres autour des conférences mais aussi des brochures sur le carême, des nouveautés, des cd, dvd et quelques objets.
La splendeur de l’humain aux yeux de Dieu
Dans l’argumentaire de Jean-Yves Nollet, lu par Stanislas Deprez en introduction de la session, le sujet général a été précisé : « N’avons-nous pas à entendre et à réentendre la splendeur de l’humain aux yeux de Dieu ? Nul besoin d’inventer pour cela car l’émerveillement face à l’humain court tout au long de la Bible. Dans la phrase du psaume qui a donné son titre à la présente session (« Couronné de gloire et d’honneur », psaume 8,6) mais déjà dans la Genèse (…). Avec le nouvel Adam qu’est le Christ (Rom 5,14), le christianisme accentue encore cette vision positive de l’humain appelé à être divinisé Enfant de Dieu. C’est cela la sainteté, devenir fils ou fille de Dieu. (…) Notre grandeur ne va pas sans fragilité ni sans bassesse. Une partie du défi, peut-être, consiste à accepter notre faiblesse, en tous cas à ne pas la renier ou l’occulter, afin qu’elle nous aide à grandir et à nous rapprocher de Dieu. »
Pour ces deux journées de formation, « de grands témoins ont été convoqués », pour reprendre une expression utilisée dans le mot d’introduction. Ces témoins étaient saint Paul, saint Irénée de Lyon, saint Augustin, la Philosophie et enfin Dieu lui-même.
Saint Paul et l’humain
Deux des conférenciers de cette première journée ont abordé la question par des textes de saint Paul. L’abbé Germain Bienaimé, prêtre du diocèse de Tournai, ancien doyen principal de la Thudinie puis de Mons mais aussi professeur émérite du Séminaire de Tournai, a été le premier intervenant de la journée. Il s’est intéressé à la lettre de saint Paul aux Éphésiens et plus particulièrement les versets 3 à 14. « Faire de tous ses fils d’élection par Jésus Christ, c’est le dessein gracieux de Dieu », tel était le titre de son intervention.
Un autre texte de saint Paul a été abordé lors de la première intervention de l’après-midi. Pasteur de l’église protestante unie de France, maître en Théologie et docteur en exégèse, Elian Cuvillier s’est attaqué à Rom 5-8.
Pour lui, il s’agit d’une réflexion sur l’existence humaine du point de vue de la Foi. Il s’est particulièrement penché sur Rom 5, 12-21. Dans une traduction toute personnelle de ce passage, il a remplacé le terme « péché » par « ratage », car le terme « amartia » qui est traduit par « péché » peut aussi signifier « manquer la cible » ou « ratage ».
Dans cet extrait où il est question d’Adam et de l’énigme du mal, on comprend ainsi que nous ne sommes pas coupables du ratage, mais nous sommes responsables de le laisser continuer. Devenir adulte, c’est prendre conscience et devenir responsable de ses actes.
- Pour découvrir le texte de cet exposé : L’humain aux prises avec le péché, espérance de la création Une lecture de Rm 5-8
Saint Irénée et sa vision de l’homme
Vice-doyen de la faculté de Théologie de l’université catholique de Lyon, le frère Élie Ayroulet a pris la parole dans la seconde partie de la matinée via une conférence pré-enregistrée. Spécialiste de saint Irénée de Lyon, l’un des docteurs de l’église, il a abordé la question de l’« anthropologie unitive et de la croissance » chez cet évêque du IIe siècle.
Dans son propos, il a notamment opposé la pensée du saint homme à celle des gnostiques, adeptes d’un mouvement de pensée de son époque. Irénée considère ainsi que les hommes sont égaux entre eux, de par leur nature et de par leur capacité à faire le bien (anthropologie unitive). Il estime également que l’homme est un être parfait en devenir, qu’il est en croissance (anthropologie de la croissance).
Pour accompagner son discours, Frère Élie a présenté plusieurs extraits des textes écrits par le saint, particulièrement le texte Adversus Haereses (« Contre l’hérésie »).
Un extrait de ce texte a également été lu lors de la prière du Milieu du jour.
L’être humain, être de dialogue
La dernière intervention de la journée était consacrée à « l’être humain en dialogue avec Dieu chez saint Augustin », par Marie-Anne Vannier, dont la présentation était également pré-enregistrée. Dans son exposé, elle a abordé principalement les trois derniers livres de ses Confessions, dans lesquels saint Augustin pose les bases de son anthropologie.
Celui qui est aujourd’hui reconnu comme Docteur de l’Église a pendant plusieurs années suivi le mouvement manichéen avant de se convertir. Cette conversion transparaît dans ses écrits ultérieurs. Dans ceux-ci, il s’oppose au manichéisme qui refuse l’idée que l’homme puisse être fait à l’image de Dieu. Il est un être de dialogue avec Dieu et ce dialogue prend sa dimension plénière lors de la conversion. Pour lui, l’accomplissement de l’être humain se fait au travers de ce dialogue.
- Lire aussi le compte-rendu de la seconde journée: «Sous le signe de l’ouverture pastorale»