Une étoile a brillé pour Noël au-dessus des Marronniers
Privés pendant deux ans d’eucharistie de Noël à cause de la pandémie de Covid, les patients du Centre Régional Psychiatrique «Les Marronniers», à Tournai, ont accueilli Mgr Harpigny avec beaucoup d’enthousiasme pour ce moment de partage et de recueillement, à trois jours de la fête de la Nativité.
C’est dans la salle le plus souvent occupée par le Tribunal d’application des Peines que le diacre Paul Laurent et l’équipe d’aumônerie des Marronniers avaient dressé l’autel, ce mercredi 21 décembre 2022. Venus de la plupart des 11 pavillons que compte l’Hôpital psychiatrique sécurisé (il y a peu encore appelé «la Défense sociale»), les patients entrent par petits groupes, encadrés par quelques membres du personnel de sécurité. Ce moment de rencontre entre pavillons est rare ; on se salue, on rit, on se bouscule un peu. Il y a tellement de monde qu’il faut aller rechercher des chaises.
Ils seront finalement près de 70 à assister à la célébration. Certains vont serrer la main de l’évêque et de l’aumônier, deux habitués de l’institution : «Depuis 21 ans de présence comme diacre-aumônier, voilà la 17e fois que j’ai la joie de vous accueillir dans cette ‘Église particulière’, cette portion de l’Église qui est à Tournai», lance Paul Laurent à Mgr Guy Harpigny dans son petit mot d’accueil, interrompu à plusieurs reprises par des salves d’applaudissements. «Aujourd’hui, vous avez suivi l’étoile qui brille, cette après-midi, ici, au-dessus des Marronniers. Car Dieu accorde toute son attention, tout son amour à chacun qui vit ici, sur un chemin de guérison et de libération. Que l’Amour de Dieu traverse toutes nos grilles, tous nos murs, pour venir habiter les cœurs qui savent l’accueillir.»
Un nouveau venu
Si pour Mgr Harpigny le moment vécu au sein du centre psychiatrique était familier, l’abbé Delcoigne, lui, découvrait les lieux et l’atmosphère. «C’est avec grande joie et espérance que nous accueillons l’abbé Axel Delcoigne [ndlr: responsable de l’UP de Tournai-Est depuis septembre 2022] à qui vous avez confié, en plus de ses 12 paroisses rurales, la mission de venir accompagner et visiter les patients dans ces 11 pavillons. Qu’il soit le bienvenu… Il aura l’occasion de découvrir cette mission avec moi dès le début janvier.»
Très pédagogue, expliquant volontiers le sens de la liturgie vécue, le sens de Noël, notre évêque conduit une célébration suivie avec beaucoup d’attention par toute l’assemblée, même si on sort parfois un peu des conventions. Les patients s’impliquent tant dans les lectures et que dans les chants, puis plus tard dans le signe de paix, largement partagé dans toute la pièce.
Trouver le chemin qui mène au bonheur
«Nous sommes une assemblée, un peuple capable de faire le bien», insiste Mgr Harpigny dans son homélie. Nous faisons confiance à Jésus, qui est capable de changer nos cœurs. Il vient au milieu de nous pour nous rendre heureux, pour nous donner une étincelle de joie.»
Au quotidien, il n’est sans doute pas toujours facile de faire preuve d’optimisme pour les patients de l’Hôpital psychiatrique sécurisé des Marronniers. Mais l’évêque de Tournai les invite pourtant à l’espérance: «Il existe un chemin vers le bonheur. Nous avons tous besoin de personnes qui nous aiment et nous conduisent sur ce chemin. Le Seigneur ne s’impose pas, il vient. Soyons de ces personnes qui l’accueillent. (…) Nous ne prions pas que pour nous mais aussi en solidarité avec ceux qui sont ailleurs. Demandons au Seigneur de nous aider à être plus proches les uns des autres.»
Avant un temps de convivialité très attendu, autour d’un gobelet de chocolat chaud et d’une cougnole, les patients ont encore pris une minute pour méditer et se laisser imprégner par ce qu’ils venaient de vivre. Et enfin se laisser entraîner par Christopher qui, guitare à la main, a longuement égrené les notes de «Douce nuit, sainte nuit»…
Agnès MICHEL