Une autre Angélique prend la parole. Mariée depuis 25 ans, issue elle aussi d’une famille «très catholique». Alors que commence le confinement lié à la pandémie de covid, l’un de ses enfants leur annonce ne pas être dans le bon corps, vouloir être considéré comme un garçon, changer de prénom. Beaucoup de sentiments se bousculent: culpabilité, déni. «Nous n’avions pas les mots pour en parler.» Pendant un an et demi, ils vont cheminer ensemble, avec l’aide d’une psychologue. Parents et enfant ont décidé de se faire confiance. «Aujourd’hui, il a l’air heureux, épanoui, bien dans sa peau. Je ne peux pas parler à sa place mais il me semble faire un chemin d’apaisement.» Et de son côté, cette maman est persuadée que Dieu regarde son fils avec énormément d’amour. «Cette expérience a dilaté mon cœur. J’ai grandi pétrie de vérités assénées par l’Église, avec un cadre. Un cadre est nécessaire… mais il y a des personnes hors du cadre, et ce n’est pas grave. Je suis entrée dans une période de doutes; ils ne sont pas négatifs, ils me font approfondir ma foi.»
Chacun son parcours…
Xavier, lui, a fait un tout autre chemin. Il habite Paris. Baptisé enfant, il n’a pas du tout grandi dans une famille chrétienne. Quand il découvre son homosexualité au sortir de l’adolescence, il vit cela sans difficultés particulières. Par contre, il se cherche un peu spirituellement, il investigue, il a besoin d’une voie à suivre. Il sera touché au cœur quelques années plus tard par la lecture du Nouveau Testament. Quand il s’attaque au «Catéchisme de l’Église catholique», il se sent tiraillé. Il ne s’imagine pas vivre dans le célibat et la continence, mais il a soif d’une relation sans concessions avec Dieu. Xavier s’est séparé de son compagnon depuis maintenant plus de 15 ans. À 44 ans, il dit vivre un célibat choisi et heureux.
Le dernier témoin est touchant, lui aussi. Humble et courageux. Henri est un prêtre jésuite septuagénaire. Il accompagne régulièrement des familles concernées par l’homosexualité. Parce qu’en 1991, son frère Joseph a été emporté par le terrible virus VIH. Si Henri avait à l’époque bien du mal à comprendre la vie affective de son frère, sa vision des choses a radicalement changé. «Le compagnon de Joseph fait aujourd’hui toujours partie de la famille, il fait le lien entre nous tous. À eux deux, ils ont formé un couple uni. (…) J’ai pris de la distance avec la notion de ‘conduite désordonnée’ que dénonce l’Église. Les fruits de leur amour ne pouvaient pas découler d’un désordre fondamental…»
C’est aussi le frère Henri qui célèbrera l’eucharistie en fin de journée. Toujours à la suite des rois mages, ces chercheurs de sens. «Cherchons l’étoile qui est ‘notre’ étoile. Ce que nous nous sommes dit aujourd’hui, c’est que nous ne sommes rien sans les autres…»
Agnès MICHEL
Les vidéos des témoignages peuvent vous être communiquées sur simple demande, par mail à l’adresse familles@evechetournai.be ou par téléphone au 0489 98 77 70 (Marie Gralzinski).