Mignault: en balade au-delà des différences
La résidence «Les 3 Sapins», l’UP de Soignies-Le Rœulx et le service Aiguillages ont mis en chemin les pensionnaires de l’institution et des habitants de l’unité pastorale. Quelques kilomètres pour se découvrir et partager un super moment plein de soleil et de bonne humeur.
La grande maison au n° 10 de la rue Onckelet, à Mignault, appartenait autrefois aux sœurs de la Famille spirituelle de l’Œuvre. Devenue la résidence «Les 3 Sapins», elle accueille aujourd’hui une trentaine de personnes adultes en situation de handicap, âgées actuellement de 22 à 76 ans. L’institution a voulu faire tomber les barrières et encourager un beau mélange de nos différences en organisant pour la deuxième fois une marche à travers les rues et les sentiers du village. Des enfants de la catéchèse et des habitants des environs ont répondu à l’invitation pour une après-midi joyeuse et festive.
Avant le départ de la marche, la directrice de la résidence, Mme Carmela Ricca, a d’abord chaleureusement accueilli tous les participants. Elle a aussi mis à l’honneur les gagnants du concours de dessin organisé quelques mois plus tôt sur le thème «Nos différences, nos richesses», et les visiteurs ont pu admirer l’ensemble des œuvres avant de se mettre en route.
Collaboration
En trois groupes qui s’élancent à quelques minutes d’intervalle, résidents, éducateurs et invités vont s’égrener le long de la route. Me voici intégrée dans le groupe des «rouges». Éric, qui était aux toilettes quand son groupe est parti, se joint à nous. On démarre. Je ferme la marche parce que Sarah n’a pas envie de marcher trop vite, elle gambade, cueille des fleurs, pose des questions. Premier arrêt auprès d’une chapelle à moitié effondrée. Un indice est dévoilé, il faut chercher une enveloppe de la couleur du groupe pour collecter une pièce de puzzle. Tout le monde s’active, regarde auprès des piquets de la clôture, dans les hautes herbes, sous le regard impassible d’une poignée de vaches. J’ai vu du rouge un peu plus loin, je fais des petits signes et un clin d’œil à Manu, qui vient près de moi et découvre notre enveloppe, très fière de sa trouvaille.
On repart. Vincent a chaud, retire sa vareuse fluo. L’appareil photo entre les mains, je prends quelques clichés en douce, je saisis des expressions. Mais quand je me fais repérer, les demandes fusent: «Tu me fais une photo?» Grands sourires, pouces levés, les stars prennent la pose. Un peu plus loin, Sarah insiste: «Tu m’écris ton numéro de téléphone? Tu veux être ma copine?» Je lui griffonne mon numéro au bic sur le poignet, elle semble aux anges. Entretemps, Manu –toujours aux aguets– a trouvé deux autres pièces de puzzle, sous les applaudissements de la petite troupe. Sur le chemin du retour, avec son léger accent marseillais, une résidente me parle un peu de son parcours de vie, des moments difficiles et des moments plus heureux, du quotidien aux «3 Sapins»: «On est bien, ici».
Tisser des liens
Une fois l’estomac rempli par du gâteau, des biscuits, du café ou de l’eau, nouveau départ pour gagner l’église du village. Certains résidents sont restés pour digérer le goûter et se reposer mais une dizaine d’entre eux souhaitent assister à la célébration. La petite église a été soigneusement décorée. C’est l’abbé Giorgio Tesolin, vicaire épiscopal en charge de la pastorale de la Santé, et donc du service Aiguillages, plus spécifiquement dédié aux personnes en situation de handicap, qui célèbre la messe. «Merci aux paroissiens de Mignault de nous accueillir pour cette belle journée, qui nous a permis de vivre ensemble, de nous écouter, de tisser des liens avec la paroisse!»
Dans l’assemblée, trois sœurs de l’Œuvre qui étaient invitées par la résidence sont présentes. «Qui aurait cru qu’elles reviendraient ici pour célébrer ce moment avec nous», s’amuse le chanoine Tesolin. Le célébrant se réjouit de tous les beaux visages rassemblés. Il revient aussi sur le concours de dessin: «Concours… Concourir cela veut dire courir ensemble, et c’est ce que vous avez fait aujourd’hui, en marchant ensemble. Un concours, ce n’est pas pour s’écraser les uns les autres mais on collabore, dans un esprit de communion. Ensemble nous avons décoré ce lieu. Ensemble, nous allons dire merci.»
Enfants de la catéchèse et résidents seront tous invités à passer derrière l’autel pour réciter le Notre Père, main dans la main. Avant d’aller porter paix et amitié dans l’assemblée. Un geste à la fois simple et riche… comme la journée qui vient de s’écouler dans le petit village de Mignault, au cœur du diocèse de Tournai.
Agnès MICHEL